211. Les principes

Le modèle de la théorie de la base économique cherche à expliquer quels sont les principes de croissance des agglomérations. Il s’inscrit dans une perspective macro-économique, définissant la ville avant tout comme étant constituée d’un ensemble de relations économiques. Selon les tenants de la théorie de la base, la croissance urbaine serait principalement déterminée par des facteurs extérieurs à la ville, en particulier par la demande d’exportation. Le point de départ de cette conception réside dans une analyse dichotomique des fonctions urbaines, en distinguant les fonctions qui s’adressent à la demande externe, et celles, au contraire, qui s’adressent aux besoins locaux de la population. Les fonctions qui s’adressent à une demande externe déterminent les caractéristiques particulières de la ville, sa spécialisation, son rôle dans la division spatiale du travail. Les fonctions urbaines qui s’adressent à la demande interne sont celles qui permettent à la population urbaine de subsister. « La ville est perçue comme une grande machine à produire, un microcosme qui reproduit les principaux traits d’un système économique agrégé, dont la seule caractéristique est le maximum d’ouverture au niveau du commerce extérieur. Sa production excluant les biens du secteur primaire d’une part, et les dimensions réduites du marché des biens et des facteurs de production qui l’empêchent de produire toute la gamme des biens et des services, d’autre part, font d’elle une entité exportatrice par nécessité » (Camagni, 1996). En accord avec une bonne partie de la théorie keynésienne de la croissance économique, les activités exportatrices constituent le caractère central de la dimension et de la dynamique des exportations pour la croissance de la ville. Les activités de la base qui travaillent pour le marché extérieur deviennent le moteur de la dynamique urbaine. De leur croissance dépendent en effet non seulement l’emploi et le revenu des personnes qui y travaillent, mais aussi, en raison de multiples mécanismes d’interdépendance dans la production et la consommation, l’emploi et le revenu des activités qui leur sont reliées, en amont des activités d’exportation, ainsi que l’emploi et le revenu des activités de service fournies à la population urbaine globale. Ces activités exportatrices sont appelées basiques. Elles dépendent donc de la demande extérieure, et peuvent ainsi varier de manière autonome, alors que les activités résidentielles qui dépendent des revenus distribués localement ne peuvent que s’adapter passivement.