24. L’application au modèle

241. La détermination des activités de la base économique

La segmentation des activités dans le modèle s’inspire fortement de l’analyse de Savy (1994) réalisée sur une décomposition en NAP40, transposée à une décomposition en NAP100 et sur l’analyse proposée par Planque (1994)33. Nous avons distingué trois types d’activités : les activités basiques, les activités liées à la base et les activités induites ou ordinaires.

  • Les activités basiques sont les activités industrielles.

  • Les activités liées à la base sont les services aux entreprises d’un type particulier, à savoir les services para-productifs (services marchands rendus aux entreprises), les services logistiques (commerce de gros, intermédiaire de commerce, transport, etc.) et les services rendus aux entreprises et aux particuliers liés aux activités productives, en amont (recherche, études de marché, etc.), en aval (distribution, après-vente) et parallèlement à la fabrication (organismes financiers, assurance, etc.).

  • Enfin, les activités dites induites ou ordinaires sont les activités orientées vers la satisfaction des besoins de la population. Ces activités induites ont été segmentées pour les besoins du modèle en différents grands types d’activités, sources de déplacements pour des motifs particuliers. La segmentation des activités liées à la population se fonde sur le type d’activité (ou motif d’activité). On distingue ainsi six types d’activités :
    • les activités de commerce (liées au motif d’achat) ;

    • les activités récréatives (liées au motif de loisir) ;

    • les activités de l’enseignement ;

    • les activités de services (essentiellement les services administratifs et de santé) ;

    • les autres activités de service.

Avant d’entrer dans le détail de la formalisation, nous présentons les évolutions de cette partition des différents types d’activités.

Tableau 5-1. Evolution en taux de croissance globale de l’emploi par type d’activités (basiques, liées à la base, ordinaires).

1975

1982

1990
évolution globale entre 75 et 82 évolution globale entre 82 et 90 évolution globale entre 75 et 90
Activités basiques 368 240 316 168 289 732 -14% -8% -21%
Activités liées 143 485 165 220 208 426 15% 26% 45%
Activités ordinaires 255 695 301 008 343 673 18% 14% 34%
Tableau 5-2. Evolution en taux de croissance moyens annuels de l’emploi par type d’activités (basiques, liées à la base, ordinaires).

1975

1982

1990
évolution globale entre 75 et 82 évolution globale entre 82 et 90 évolution globale entre 75 et 90
Activités basiques 368 240 316 168 289 732 -2,2% -1,1% -1,6%
Activités liées 143 485 165 220 208 426 2,1% 3,0% 2,5%
Activités ordinaires 255 695 301 008 343 673 2,3% 1,6% 2,0%

Sur la période 75-90, les activités basiques perdent des emplois de façon continue, particulièrement entre 75 et 82. Les activités liées à la base ainsi que les activités ordinaires augmentent sensiblement. Le taux de croissance moyen annuel des activités liées dépasse celui des activités ordinaires entre 82 et 90.

Tableau 5-3. Evolution de la part dans l’emploi total des activités basiques, des activités liées et des activités ordinaires
activités basiques (B) activités liées (L) activités ordinaires (O) Total (T) B/T L/T O/T
1975 368 240 150 120 249 060 767 420 48% 20% 32%
1982 316 168 173 196 293 032 782 396 40% 22% 37%
1990 289 732 220 182 331 917 841 831 34% 26% 39%

Avec le temps, la part des activités basiques tend à diminuer et celle des activités liées à la base à augmenter, ainsi que les activités ordinaires liées à la population. Les activités liées à la base économique comportent des services aux entreprises et détiennent la capacité à long terme de dynamiser et rendre plus compétitive la base économique et leur croissance est également liée au processus de complexification et de tertiairisation de l’économie urbaine. On assiste donc à une diversification des activités générant la croissance. Pour les besoins du modèle, et parce que seule la dynamique urbaine liée à la population est prise en considération, les activités basiques et les activités liées à la base sont regroupées.

Notes
33.

Planque (1994) reprend le modèle de la croissance urbaine par étape de Martin (1968). Il explique le fonctionnement économique des grandes villes par le fait que l’économie d’une métropole est constituée de quatre grandes catégories d’emplois. Ces quatre types d’activités sont :

1) Des activités exportatrices initiales, qui sont celles à partir de laquelle s’est constituée la ville (IB),

2) Des activités directement exportatrices qui sont apparues à cause de leur connexion avec les exportateurs initiaux (EB1) et exportateurs attirés dans la ville par les économies d’agglomération (EB2).

3) Des activités privées et publiques liées à la taille de l’agglomération : services publics et administrations (A), et des activités liées aux déséconomies d’agglomération (L) ;

4) Les activités ordinaires orientées vers la satisfaction des besoins de la population (O).

Avec le temps, la part des activités exportatrices initiales (IB) tend à diminuer et celle des activités de type 2 et 3 à augmenter. Les activités de type 2 (qui comprennent notamment les services aux entreprises) étant également exportatrices, et les activités de type 3 étant largement liées au rang élevé de la ville dans la hiérarchie urbaine et à la complexité de son économie, on assiste donc à une diversification des activités générant la croissance. Planque précise que « c’est principalement sur le renouvellement de la base exportatrice en direction des services et des activités high-tech et sur l’évolution des activités de type A et L que devrait se porter notre attention si nous voulons comprendre et essayer d’anticiper le fonctionnement économique contemporain d’une grande métropole ». Cette approche va dans le sens d’une meilleure prise en compte des services aux entreprises comme éléments de la base économique et de la dynamique des agglomérations.