3. Les définitions

a/ Les dictionnaires de langue

Le mot balandran, masculin, apparaît dans le Littré au sens d’ “ ancien manteau ”, que l’on retrouve dans l’acception notée “ a) ” de la première entrée de Char, tandis que l’acception notée “ d) ” correspond dans ce dictionnaire à une autre entrée, bélandre, qui est un nom féminin signifiant “ petit bâtiment de transport à fond plat, employé sur les rivières, sur les canaux et dans les rades ”. Si l’étymologie de bélandre correspond bien à celle que donne Char, “ du hollandais bylander ”, celle que le Littré donne de balandran est différente : ce dictionnaire renvoie en effet au bas-latin balandrana, sans mentionner aucune origine celtique 61 . Le Grand Robert de la langue française présente les deux entrées balandran et bélandre avec les mêmes significations que le Littré. Le Grand Larousse de la langue française ne relève que bélandre. Le Trésor de la langue française présente encore les deux entrées citées avec les mêmes définitions, et donne une étymologie proche de celle du poème, renvoyant également le lecteur au premier tome du FEW, le Französisches etymologisches Wörterbuch 62 . La prise en compte de l’étymologie nous permet d’ailleurs de remettre en question la polysémie déployée dans la première entrée : cette dernière rassemble en effet des définitions correspondant à deux étymons différents. A la polysémie d’un mot masculin, balandran, René Char a ajouté la définition d’un faux homonyme féminin, bélandre.

Notes
61.

“ Le Dos tourné, la Balandrane ” fait partie d’un recueil daté des années 1975-1977. Sous réserve de connaître la date exacte de composition de ce texte, nous pouvons supposer que René Char disposait non seulement du Littré, dont l’utilisation dans “ Sur le franc-bord ” a été montrée par Jean-Michel Adam, mais d’autres dictionnaires. Le premier volume (A-C) de la première édition du Grand Robert de la langue française date de 1951-1953. Le premier tome (A-CIPPE) du Grand Larousse de la langue française est achevé en 1971. Le quatrième volume (badinage-cage) du Trésor de la langue française paraît en 1975.

62.

Walter von Wartburg, Französisches etymologisches Wörterbuch, Tübingen-Basel, 1922- (en cours de refonte).