Il nous paraît en outre certain que René Char a consulté le premier tome du FEW, non seulement pour certaines étymologies, mais aussi pour certaines acceptions, à la fois dans leur contenu et dans leur formulation.
L’étymologie du deuxième mot-vedette du poème, balandron, provient sans doute du FEW : l’information “ du francique balla ” est tirée de l’entrée “ *balla (germ.) ” 63 du FEW, et le verbe se balandriner se trouve également à cette même entrée, mais avec un renvoi à l’entrée ballare 64 qui signifie danser, ce que le poète reprendrait en écrivant “ peut-être de ballare qui signifie danser ”. D’autre part, toutes les définitions de la deuxième entrée principale de René Char sont nettement démarquées de l’article *balla lui-même. En effet, c’est d’abord l’acception “ ballot de marchandises ” qui est reprise telle quelle. Un peu plus loin, on retrouve la définition de balandron, “ conducteur des chevaux de bât en montagne ”, avec cette seule différence que le FEW présente “ dans les montagnes ” et non pas “ en montagne ”. La ressemblance est enfin indéniable pour les définitions de balandrin, “ colporteur ”, et de se balandriner 65 “ se promener lentement ”, absolument identiques. La seconde entrée du poème est donc directement inspirée de l’article *balla du FEW 66 .
FEW, t. I, p. 216b. La refonte du FEW n’ayant pas encore atteint la lettre B, nous consultons donc la même source que René Char.
FEW, t. I, p. 217b.
FEW, t. I, p. 217a pour balandron, balandrin, et se balandriner.
D’autres définitions données par René Char peuvent également provenir du FEW. Sous l’entrée ballare de ce dictionnaire, on trouve les termes et les définitions suivantes : “ balandran “lourdaud ; branle d’une cloche” [...] balandro “bascule d’un puits de campagne” ”. Malgré des similitudes, ces emprunts, qui ne concernent pas toutes les définitions du fragment central, restent cependant partiels.