B. Le titre ou le nom propre du poème

“ Balandran ” et “ La Balandrane ” sont le nom commun et le nom propre à la fois d’un titre de poème et d’un titre de recueil. Si le nom propre a des affinités avec le titre, le nom commun s’en rapproche lorsqu’il occupe cette place, car un titre fait un emploi particulier des mots. Plusieurs grammaires placent les titres parmi les noms propres 108 sans toujours le justifier. Un parallèle est sans aucun doute possible : Marc Wilmet fait ainsi des noms communs en position de titre des “ noms propres accidentels ” 109 . Si les titres chariens ont pu emprunter à la titrologie surréaliste, “ Relief et louange ” joue plus traditionnellement un rôle de résumé par rapport au poème, il en est la “ quintessence ”, comme un nom propre est la quintessence du segment de réalité qu’il désigne : “ Le titre est comme un appariteur au seuil du texte, chargé de l’introduire. Il doit l’annoncer, et de ce fait en est une sorte de quintessence. Dans le titre, est concentré le message du texte, rapport de mise en abyme entre le titre et le texte, qui développe les virtualités du titre ” 110 . L’absence d’actualisation est d’ailleurs significative dans ce titre de la présence de “ virtualités ” lexicales entre lesquelles le poème permet de choisir.

Notes
108.

C’est le cas dans Le bon Usage de Maurice Grevisse refondu par André Goosse (1993 (12ème éd.), p. 751) et dans le Code du français courant d’Henry Bonnard (1981, p. 138).

109.

“ N’importe quel mot se change en nom propre accidentel dès que l’application à un référent occulte sa signification permanente au profit d’un sens momentané ” (Grammaire critique du français, 1997, p. 79). Nous employons “ signification ” et “ sens ” avec les mêmes acceptions que Marc Wilmet.

110.

Christine Dupouy, René Char, 1987, p. 153.