1. “ Relief... ”

Sous l’entrée relief, le Trésor de la langue française 111 regroupe dans un premier ensemble le relief au sens de “ ce qui reste d’un repas, d’un plat ” dont on peut faire un emploi figuré, et le relief dans une acception féodale, reprise au Littré : “ Droit que le vassal payait à son seigneur, lors de certaines mutations, ainsi dit parce que le vassal, par ce droit relevait le fief ”. Ces significations peuvent être actualisées toutes les deux : la première fait sens parce qu’il est question d’un souvenir, restes de vie ravivés par le “ caducée de la mémoire ”, tandis que la seconde peut être comprise métaphoriquement car il est bien question d’une fidélité amoureuse ou, pour reprendre un mot de René Char qui relève précisément du même vocabulaire féodal, d’une “ allégeance ” 112 affective.

Dans un second ensemble, le TLF présente le relief comme “ ce qui fait saillie ”, spécialement dans les domaines de la sculpture et de la géographie. Le premier domaine, celui de la sculpture, prend facilement sens dans le contexte architectural de la cathédrale d’Autun : les rois mages sculptés sur des chapiteaux se détachent. Au figuré, le relief désigne ce qui est mis en valeur, ce qui fait l’objet d’une distinction, comme cette figure féminine, l’Eve “première” par rapport à l’“ Eve Suivante ”. Le TLF relève également l’acception vieillie d’“ éclat, considération ”, que le Littré développait davantage : “ Anciennement, lettres de relief, lettres de réhabilitation de noblesse, proprement lettres qui relèvent ”. Le poème, hommage à une femme qui devient la femme par excellence, ressemble bien à ces lettres qui sont aussi une forme d’écrit, et qui relèvent, rappellent sa valeur.

Le poème est ainsi un relief dans son signifié, puisqu’il met en valeur une femme, et comme signifiant car il est une forme, une œuvre d’art, comme la sculpture. Il est ainsi doublement relief, en lui-même et d’une présence.

Notes
111.

Nous utiliserons désormais l’abréviation usuelle TLF pour désigner ce dictionnaire.

112.

“ Allégeance ”, Fureur et mystère, O. C., p. 278.