C. La dynamique de la généralisation

Si l’article défini concourt de façon exemplaire à l’abstraction poétique, cette dernière n’a rien à voir avec une poésie abstraite, mais avec une dynamique de la généralisation. L’enjeu de l’emploi de l’article défini singulier 254 réside dans la possibilité d’extensité très large qu’il offre au nom qu’il actualise, de l’unicité à la généralité, et dans l’orientation même de cette variation d’extensité. Si d’autres articles comme l’indéfini singulier un ou le défini pluriel les semblent pouvoir exprimer la généralité de façon courante 255 , c’est précisément parce que l’article défini ne l’exprime pas en priorité qu’il est intéressant, car il cumule ainsi plus facilement une valeur particulière et une valeur générale.

Notes
254.

L’expression de la généralité ne passe pas par l’emploi de l’article défini pluriel, pourtant bon candidat à l’expression de cette valeur, car la généralité exprimée est moins une pluralité vérifiable en chaque individu que la visée de l’être d’une réalité. Ce n’est pas une généralisation en quantité mais en qualité. Le processus d’abstraction concerne l’intégralité d’une chose (totus) et non une totalité (omnis).

255.

Selon Georges Kleiber, les et un sont les articles qui correspondent le mieux à l’idée de la généricité que l’on se fait communément (Voir L’Article LE générique. La généricité sur le mode massif, 1990, pp. 20-21).