Avec “ Rémanence ”, le dédoublement est achevé. Les pronoms des deux premières personnes du singulier renvoient au même référent qui, ainsi dédoublé, se met à distance de lui même mais en lui-même, dans une relation qui reste personnelle :
‘De quoi souffres-tu ? Comme si s’éveillait dans la maison sans bruit l’ascendant d’un visage qu’un aigre miroir semblait avoir figé. Comme si, la haute lampe et son éclat abaissés sur une assiette aveugle, tu soulevais vers ta gorge serrée la table ancienne avec ses fruits. Comme si tu revivais tes fugues dans la vapeur du matin à la rencontre de la révolte tant chérie, elle qui sut, mieux que toute tendresse, te secourir et t’élever. Comme si tu condamnais, tandis que ton amour dort, le portail souverain et le chemin qui y conduit.“ Rémanence ”, Le Nu perdu, O. C., p. 457.