B. La communauté de tous les hommes : “ L’Eternité à Lourmarin ”
La souveraineté obtenue par l’absence en chacun de nous d’un drame personnel, voilà le leurre.
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Avec “ L’Eternité à Lourmarin ”, l’énonciation reste collective mais, sans le titre et le sous-titre, aucune situation particulière ne peut être identifiée. Ce n’est plus le nous clairement inclusif du sujet, qui n’est jamais exprimé, ce qui renforce la valeur universalisante de l’énoncé.
‘L’éternité à Lourmarin
Albert Camus
Il n’y a plus de ligne droite ni de route éclairée avec un être qui
nous a quittés. Où s’étourdit
notre affection ? Cerne après cerne, s’il s’approche c’est pour aussitôt s’enfouir. Son visage parfois vient s’appliquer contre
le nôtre
, ne produisant qu’un éclair glacé. Le jour qui allongeait le bonheur entre lui et
nous n’est nulle part. Toutes les parties - presque excessives - d’une présence se sont d’un coup disloquées. Routine de
notre vigilance... Pourtant cet être supprimé se tient dans quelque chose de rigide, de désert, d’essentiel en
nous, où
nos millénaires ensemble font juste l’épaisseur d’une paupière tirée.
Avec celui que
nous aimons,
nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ?
Nous croyons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant.
A l’heure de nouveau contenue où
nous questionnons tout le poids d’énigme, soudain commence la douleur, celle de compagnon à compagnon, que l’archer, cette fois, ne transperce pas.
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