b/ L’éternité comme lieu de la présence

Le deuxième paragraphe constitue le second volet de l’enquête menée sur la forme prise par la présence de l’être disparu, volet non plus spatial mais temporel : en effet si l’espace est marqué par une indéniable absence physique, le temps en revanche ménage une forme de présence, celle de l’éternité. Cette présence se manifeste comme un paradoxe : “ Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler et ce n’est pas le silence ”. La présence n’est plus une présence physique, mais une présence mentale, qui prend place dans la mémoire. Cette dernière a pour tâche de faire revivre, le temps d’un souvenir, un être cher dont l’existence de vivant appartient au passé. La mémoire lui prête une forme de présence : “ Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant ”.

Cette présence de l’absent est toutefois intermittente car elle est liée à la résurgence du passé par la fonction mémorielle. La perception de cette forme particulière de présence dans le temps demeure donc un pis-aller. La mort reste habitée de mystère : “ nous croyons savoir ” et “ nous questionnons tout le poids d’énigme ”. Toute présence retrouvée reste donc imparfaite, et s’accompagne de douleur.