A. La dépersonnalisation comme processus

“ Yvonne ” est le meilleur exemple d’un processus de dépersonnalisation qui n’est jamais achevé. Si le visage de la non-personne s’estompe au fil du poème, il est reste le fondement, inscrit au fronton du texte :

‘Yvonne
La Soif hospitalière

Qui l’entendit jamais se plaindre ?

Nulle autre qu’elle n’aurait pu boire sans mourir les quarante fatigues,
Attendre, loin devant, ceux qui viendront après ;
De l’éveil au couchant sa manoeuvre était mâle.

Qui a creusé le puits et hisse l’eau gisante
Risque son cœur dans l’écart de ses mains. 358

L’énonciation de ce poème se situe sur le plan de la délocution, du prénom “ Yvonne ” au pronoms personnels, relatifs, interrogatifs et démonstratifs. Mais l’extensité de ces troisièmes personnes est variable, moins dans leur nombre que dans l’identité même de leur référent : on passe d’une extensité unique et précise à une extensité potentielle.

Notes
358.

“ Yvonne ”, Le Nu perdu, O. C., p. 430.