I. De la figure à la figuration

Il faut se persuader sans cesse que la vie réelle et les choses qui la composent n’ont pas de secret entre elles. Seulement des absences, des refus, des cachettes naturelles dont nous ne saisissons pas, à première vue, la perspicacité. Nous manquons étonnamment d’ubiquité. 374

Les figures d’analogie n’ont pas la même importance dans l’élaboration du sens d’un poème. Figures isolées parfois aisément identifiables dans le texte, elles s’y ramifient souvent à travers un ou plusieurs réseaux qui en déterminent le sens.

Même si les figures isolées existent dans la poésie de René Char, leur intérêt reste limité pour au moins deux raisons. D’une part, elles relèvent plus d’une étude thématique de la métaphore dans l’œuvre qui établirait des jonctions, des passerelles entre différentes métaphores ponctuelles de différents poèmes, pour y découvrir des motifs. D’autre part, c’est lorsque l’image est structurante pour un texte tout entier, voire pour plusieurs poèmes, qu’elle acquiert la force poétique d’une véritable forme. Nous progresserons donc selon les degrés de structuration de la métaphore. Il ne s’agit pas d’étudier la métaphore dans la poésie de René Char, mais d’étudier comment la métaphore intervient dans le mouvement d’abstraction.

Notes
374.

“ En vue de Georges Braque ”, Recherche de la base et du sommet, O. C., p. 675.