Ce poème est fondé sur un “ jeu sémantico-phonique ” 378 entre raisin et rosaire qui partagent deux consonnes identiques et le son [] écrit avec le même digramme. L’apparition du second terme est d’autant plus naturelle que la proximité phonétique des deux mots paraît convoquer le signifiant du second. A ces deux lexèmes, il faut en ajouter un troisième, implicite, qui est précisément produit par le signifiant et le signifié de raisin et rosaire : horizon. Le poème, de la première à la seconde strophe, progresse du raisin au rosaire et il place, par le jeu des phonèmes des deux termes et par leur association sémantique, une inconnue à l’horizon du texte, qui est l’horizon même du paysage.
Georges Nonnenmacher, Texte et acte poétiques. Une lecture de “ La Parole en archipel ” de René Char, 1977, p. 30.