B. La variation métaphorique 385  : “ L’Alouette ”

Le pouvoir structurant de l’image augmente lorsque les métaphores isolées contribuent toutes au sens du poème, lorsque qu’elles se rapportent à un même comparé dans un univers référentiel unique. C’est l’univers métaphorique qui seul varie. Les images de “ L’Alouette ” sont très différentes, mais elles concourent à la perception d’une entité unique, et elles convergent qui plus est vers un même sens. Elles sont toutes une variation métaphorique sur un même thème, l’alouette :

‘Extrême braise du ciel et première ardeur du jour,
Elle reste sertie dans l’aurore et chante la terre agitée,
Carillon maître de son haleine et libre de sa route.

Fascinante, on la tue en l’émerveillant. 386
Notes
385.

Nous empruntons cette expression à Michel Murat qui parle de “ variation métaphorique autour d’un “thème” référentiel ” qui est “ constant ”, pour l’opposer à la dérivation métaphorique qui, elle, correspond à la métaphore filée (op. cit., pp. 215-216). “ A la différence de la métaphore filée, la variation métaphorique associe plusieurs termes métaphoriques à un terme isotope unique qui fournit le “thème référentiel” commun à l’ensemble de la figure. Cette structure peut se réaliser aussi bien dans le cadre d’une figure nominale (attributive surtout), que dans un cadre prédicatif ; les termes métaphoriques sont généralement juxtaposés ou coordonnés, avec une possibilité d’anaphore transphrastique. Contrairement à la métaphore filée, ce type de structure ne correspond pas spécifiquement à une forme rhétorique ” (Ibid., pp. 223-224). Jean-Claude Mathieu parle de “ fragmentation métaphorique ” (La Poésie de René Char ou le sel de la splendeur, II, 1985, p. 126).

386.

“ L’Alouette ”, La Parole en archipel, O. C., p. 354.