B. Convention et revivification de l’analogie : le symbole

Avec le symbole, seul le comparant est présent. Mais l’analogie se fonde sur un rapport codé, conventionnel, qui, malgré l’absence du comparé, est encore facilement accessible. Il reste toutefois analogique dans la mesure où il ne peut faire sens en lui-même. L’élément présent ne vaut que par sa relation avec un élément absent forcément restituable car il reste seul possible. Il est le revers de l’avers qu’est l’élément actualisé.

La rose apparaît fréquemment dans les poèmes de René Char : investie d’une fonction symbolique forte, elle perd de sa charge conventionnelle lorsqu’elle s’intègre à l’univers charien dont elle s’enrichit en retour. Les idées de beauté fragile et d’amour précaire, auxquelles la représentation de cette fleur est habituellement associée, ne sont pas absentes des emplois qu’en fait René Char, mais la remotivation de l’image en contexte est souvent l’occasion de modifications des effets de sens traditionnels du symbole. Deux poèmes font clairement place à l’image conventionnelle de la rose, avec quelques déplacements ou revivifications.