a/ La référence et sa poétisation

Le titre inscrit le poème dans la réalité d’une ville, Lyon, renforcée par la mention de l’une de ses places, “ Bellecour ”. Avec ce dernier nom qui désigne un lieu célèbre de la ville, l’évocation cède au pittoresque mais d’une façon originale. C’est par la présence plus ou moins masquée du vocabulaire textile que s’impose, en surimpression précisément, la ville comme centre de l’industrie du textile et notamment de la soierie. Si le mûrier est très clairement l’arbre sur lequel se développe le bombyx, d’autres termes mettent en jeu leur polysémie : l’une de leurs acceptions correspond au récit, mais l’emploi s’enrichit d’une autre signification en rapport avec l’industrie textile. Un “ pont ” est un ouvrage d’architecture, mais il peut désigner une pièce d’étoffe qui sert de rabat. Outre les bonnes grâces d’une femme qui, au pluriel, s’envisagent très concrètement, les “ faveurs ” sont des rubans. Enfin, si les “ filatures ” renvoient, en temps de guerre, à des pratiques de surveillance dont le rendez-vous amoureux signale justement l’interruption, le “ répit ”, elles désignent également l’industrie de transformation du fil.

En prenant part à la narration, la polysémie de certains termes fait surgir, comme en arrière-fond, le décor même de l’événement. Cette superposition fait du poème un champ de possibles de la réalité que vient confirmer le décalage temporel.