1. Une valeur directive

Dans le texte liminaire de “ Dans la Pluie giboyeuse ”, la cooccurrence avec les formes de futur est particulièrement révélatrice de l’importance donnée au contenu notionnel des procès plus qu’à la date de leur réalisation :

‘Où passer nos jours à présent ?
Parmi les éclats incessants de la hache devenue folle à son tour ?
Demeurons dans la pluie giboyeuse et nouons notre souffle à elle. Là, nous ne souffrirons plus rupture, dessèchement ni agonie ; nous ne sèmerons plus devant nous notre contradiction renouvelée, nous ne sécréterons plus la vacance où s’engouffrait la pensée, mais nous maintiendrons ensemble sous l’orage à jamais habitué, nous offrirons à sa brouillonne fertilité, les puissants termes ennemis, afin que buvant à des sources grossies ils se fondent en un inexplicable limon. 629

Un seul impératif précède plusieurs futurs, mais il donne le mode d’appréhension de ces procès en donnant celui du temps auxquels ils sont conjugués. L’impératif ordonne un monde, et déclenche le futur dans sa valeur de projection qui se trouve ici pleinement vérifiée. Le passage d’un mode in fieri à un mode in esse tend à actualiser les procès, car l’important réside dans leur réalisation, dans la prise en compte de leur contenu notionnel.

Notes
629.

“ Où passez nos jours... ”, Le Nu perdu, O. C., p. 443.