B. Dynamique de la déréalisation : “ Fièvre de la Petite-Pierre d’Alsace ”

Si le récit assure la dynamique de la forme, l’objet même de la représentation est par nature un objet dynamique. Ce n’est pas la réalité statique qui est évoquée, mais bien un mouvement d’abstraction dans le passage de la réalité au réel, passage dont le poème est la représentation même. “ Fièvre de la Petite-Pierre d’Alsace ” est un poème en grande partie narratif où le récit permet à la fois à la déréalisation de s’effectuer et au réel d’émerger :

‘Nous avancions sur l’étendue embrasée des forêts, comme l’étrave face aux lames, onde remontée des nuits, maintenant livrée à la solidarité de l’éclatement et de la destruction. Derrière cette cloison sauvage, au-delà de ce plafond, retraite d’un stentor réduit au silence et à la ferveur, se trouvait-il un ciel ?
Nous le vîmes à l’instant que le village nous apparut, bâtisse d’aurore et de soir nonchalant, nef à l’ancre dans l’attente de notre montée.
Bonds obstinés, marche prospère, nous sommes à la fois les passants et la grand-voile de la mer journalière aux prises avec des lignes, à l’infini, de barques. Tu nous l’apprends, sous-bois. Sitôt le feu mortel traversé. 711
Notes
711.

“ Fièvre de la Petite-Pierre d’Alsace ”, La Parole en archipel, O. C., p. 366.