3. La collaboration avec les artistes

René Char a beaucoup écrit sur la peinture, et Recherche de la base et du sommet rassemble les éloges qu’il a fait de ses contemporains artistes, généralement dans les années où il écrivit La Parole en archipel et Le Nu perdu. Mais le poète, et non plus le critique et ami, a également recherché la collaboration artistique des peintres dans l’élaboration de son œuvre : Matisse, Braque, Picasso, Giacometti, Miro, De Staël, Viera Da Silva, etc ⁷⁵² . Cette collaboration, commencée dès les premiers écrits, s’affirme réellement après la seconde guerre mondiale.

Au-delà de la valeur marchande prise par les textes et les œuvres illustrés par des artistes, on constate que ces derniers viennent apporter un complément au poème et au recueil : il ne s’agit pas d’une illustration, dont le mouvement correspondrait à celui de l’allégorie. La représentation vient faire du chemin avec le texte, comme un accompagnement. L’œuvre du peintre entre plutôt en correspondance avec celle du poète qui reste la première : elle la relaie totalement ou elle en accentue la résonance en l’amplifiant avec une assez grande liberté graphique et chromatique. Le travail du peintre est, pour René Char, parallèle à celui du poète : il est avant tout un regard porté sur le monde, et le dialogue avec Georges Braque ⁷⁵³ montre que les deux artistes veillent à appréhender la réalité le plus justement possible. Le poète et le peintre partagent ce même regard qui vise l’essentiel, mais, dans le mouvement d’abstraction, la représentation picturale est première, car elle

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[...] laisse entrevoir les attaches secrètes entre deux choses et, partant, des rapports essentiels jusque-là inaperçus, l’identité première du réel d’avant le mot et qu’on nomme poétique. ⁷⁵⁴
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