1.3. Le contre-tranfert est premier par rapport au transfert

La recherche importante de M. Neyraut 14 a conduit cet auteur à mettre en question l’aspect réactionnel et second du contre-transfert et à s’interroger sur une précession par celui-ci à l’égard du transfert. Se fondant sur le fait que le transfert apparaît dans un contexte préalable, défini par la psychanalyse, M. Neyraut estime que le contre-transfert précède le transfert et que le transfert de l’analysant suppose l’existence d’un contre-transfert solidement établi. D’après lui,

‘« Si l’on considère que le transfert en tant que concept n’est apparu qu’« après coup » dans l’œuvre de Freud et qu’il est apparu comme un obstacle, un accident sur le parcours d’une pensée et d’une technique déjà constituée ; le transfert est donc précédé par quelque chose... Le transfert apparaît au cours d’un processus en marche qui est le processus analytique, il se découpe sur un contexte.»15

Le contexte, dit M. Neyraut est constitué par la pensée psychanalytique, la métapsychologie. La pensée psychanalytique est en mouvement, elle se transmet par le biais des analyses didactiques, des formations, des séminaires. Dans ce sens elle constitue pour Neyraut une réponse.

‘« Si la pensée psychanalytique est constituée dans son essence par une réponse, nous serons obligés de constater que parfois la réponse précède la question, et que c’est là une première manière de contre-transfert.»16

Par contre, si on entend le contre-transfert au sens freudien, comme la réaction de l’analyste au transfert de l’analysant, il est bien difficile de postuler une priorité de l’un ou de l’autre. Neyraut souligne un paradoxe du contre-transfert :

‘« [...] qu’on puisse à la fois le concevoir comme précédant la situation analytique proprement dite et ne prenant sa vraie dimension que d’être confronté aux sollicitations internes nées de la situation analytique.»17

G. Bonnet propose de résoudre cette antinomie apparente en dépassant le cadre de la relation immédiate entre les deux partenaires. En effet, la pensée analytique, surtout à notre époque, peut intervenir des deux côtés comme dans les cas de seconde ou troisième analyse. Et de conclure,

‘« [...] avant tout transfert, il y a toujours d’une manière ou d’une autre du contre-transfert dans l’air, au sens de ce qui peut faire obstacle au transfert, qu’il soit véhiculé par l’analysant ou l’analyste, de type théorique ou clinique. »18
Notes
14.

Le transfert, op. cit. (115)

15.

Le transfert, op. cit. p.13. (115)

16.

Ibidem, p.18. (115)

17.

Ibidem, p.16. (115)

18.

BONNET G., Le transfert dans la cure analytique, p.24. (21)