1.5.3. La position de J. Lacan : le désir du psychanalyste

J. Lacan ne nie pas que l’analyste puisse avoir lui-même des sentiments à l’égard de son patient. Cependant pour lui, la question du contre-transfert ne se pose pas :

‘« Le transfert est un phénomène ou sont inclus ensemble le sujet et le psychanalyste. Le diviser dans les termes de transfert et de contre-transfert, quelles que soient la hardiesse, la désinvolture, des propos qu’on se permet sur ce thème, ce n’est jamais qu’une façon d’éluder ce dont il s’agit. » 48

Selon J. Lacan le problème que pose la théorie du contre-transfert est celui de la symétrie qu’elle établit entre analyste et patient. Pour cet auteur, il ne s’agit pas de la personne de l’analyste, quand bien même il la prête comme support au phénomène du transfert, mais de sa place et de sa fonction. C’est la place de « l’ autre », comme adresse du destinataire à qui parle le sujet, qui est posée dès le départ de la cure et que tient l’analyste.

‘« En tant que l’analyste est supposé savoir, il est supposé aussi partir à la rencontre du désir inconscient. C’est pourquoi je dis... que le désir est l’axe, le pivot, le manche, le marteau, grâce à quoi s’applique l’élément-force, l’inertie, qu’il y a derrière ce qui se formule d’abord, dans le discours du patient, en demande, à savoir le transfert. L’axe, le point commun de cette double hache, c’est le désir de l’analyste, que je désigne ici comme une fonction essentielle. »49

Tout l’effort de Lacan visera une critique généralisée de la relation analytique conçue comme situation inter-humaine impliquant les personnes et leurs comportements réciproques. Pour lui, le dispositif analytique s’offre comme un artéfact et non comme la rencontre de deux inconscients. Du fait que l’inconscient est au lieu de l’Autre, comment penser l’analyste inconscient à son opération ? Ce qui maintient sa place c’est qu’il ne le soit pas. Il n’opère pas comme effet de son inconscient mais comme effet de l’analyse. S’il ne l’assume pas il y a interférence du fantasme propre à l’analysant dans sa pratique.

Notes
48.

LACAN J., Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, p. 257. (97)

49.

Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 261. (97)