2.3.3. Principaux mécanismes de défense chez l’enfant autiste

F. Tustin a retrouvé chez les enfants autistes les phénomènes décrits par E. Bick126. Les ouvrages qu’elle publie depuis 1967 apportent des approfondissements sur la spécificité du syndrome autistique, sur la psychopathologie de l’autisme primaire, sur la nature de la défense et de ses différents aspects symptomatiques. Les enfants qui souffrent de cette pathologie utilisent de très puissants mécanismes de défense qui visent à les protéger de la prise de conscience intense et prématurée de leur séparation d'avec leur mère à un moment où leur appareil neurologique n'est pas suffisamment développé. L’enfant se trouverait alors en situation de dépression psychotique, concept emprunté à Winnicott et qui renvoie à un fantasme d’arrachement de l’objet, avec perte de la partie correspondante du corps propre. L’arrachement laisse place à un vide, à un trou que le petit John nomme au cours de sa psychothérapie « un trou noir avec un méchant piquant ». F. Tustin écrit :

‘« John me faisait comprendre que cette expérience du trou noir découlait de la découverte qu’il avait faite, tout petit bébé, que le mamelon pour le sein, la tétine pour le biberon, n’étaient pas une partie de sa langue et de sa bouche, mais en étaient séparés et de ce fait n’étaient pas sous son contrôle. Il avait l’impression que cela avait été cassé et perdu d’une façon traumatique, transformant sa bouche en un trou noir avec un méchant piquant. »127

L’enfant autiste utilise de façon privilégiée, sinon exclusive, un certain nombre de manoeuvres défensives massives, dans le but de nier toute séparation, toute altérité. Ce sont l’identification adhésive, la bidimensionnalité de l’objet, le démantèlement, les stéréotypies.

Notes
126.

Supra, § 2.3.2

127.

TUSTIN F., Validations des découvertes sur l’autisme, p. 117. (133)