2.3.3.3. Le démantèlement du Moi

D. Meltzer introduit ce terme en 1975 pour décrire un mode de clivage « passif ». L’existence de l’enfant autiste est morcelée.

‘« Le démantèlement se produit selon un procédé passif consistant à laisser les sens variés, spéciaux et généraux, internes et externes, s'attacher à l'objet le plus stimulant de l'instant. »130

Dans le démantèlement, le moi se défait, ce sont les fils mêmes qui constituent le moi que se démantèlent. Meltzer ajoute :

‘« Cette dispersion semble produire le démantèlement du self en tant qu'appareil mental mais d'une manière très passive comme s'il tombait en morceaux. »131

L’enfant laisse vaquer ses diverses sensorialités, chacune pour son compte, chacune pouvant s’arrimer au stimulus qui lui convient, le plus perceptible par exemple. Il aboutit à réaliser une pluralité d’êtres partiels, chacun étant comme composé d’un unique organe des sens : tels personnages regardent tel phénomène lumineux ou telle forme... et ces êtres partiels demeurent isolés les uns des autres, parce que chacun d’eux agit indépendamment de ce chef d’orchestre qu’est pour nous « l’attention », la conscience unifiante. Unifiante parce que regroupant, organisant les différentes modalités sensorielles et motrices dans le champ d’une activité qui a du sens. Meltzer rapporte qu’au niveau le plus archaïque, celui de l’autisme, l’insuffisance des coordinations concerne les sensorialités elles-mêmes. La défense par démantèlement permet à l’autiste de conserver l’illusion de ne pas vivre à nouveau une séparation insupportable avec l’objet maternel.

Notes
130.

Explorations dans le monde de l’autisme, op. cit., p. 20. (113)

131.

Explorations dans le monde de l’autisme, op. cit., p. 20,21. (113)