2.4.1. La répétition

Freud, s’est trouvé confronté à des phénomènes de répétition dans les cures. Certains symptômes comme les rituels obsessionnels sont répétitifs, et reproduisent sous un mode déguisé un conflit psychique. D’une manière générale, le « refoulé » cherche à faire surface, sous forme de rêves, de symptômes, de mises en acte. Freud met en évidence que les expériences déplaisantes sont aussi répétées. La répétition apparaît cliniquement comme une fonction de conservation de l’espoir d’une élaboration ultérieure dans la répétition du trauma. D. Ribas s’interroge sur l’existence de ce mécanisme chez l’autiste :

‘« Y a-t-il une compulsion dans la répétition que nous observons du dehors dans l’autisme infantile ? [...] Nous assistons à des montées d’excitation et à leur traitement par la décharge sensorielle. Leur répétition a-t-elle une intentionnalité pulsionnelle ? Rien n’est moins sûr. En revanche les processus en cours ont sans aucun doute une économie pulsionnelle, articulant le corps et des ébauches psychiques. »137

M. C. Laznik Penot remarque qu’à un moment donné d’une cure psychanalytique avec un enfant autiste, il peut arriver que la représentation d’un mot puisse être nouée à une expérience vécue de tristesse. Elle fait une hypothèse très intéressante :

‘« [...] pour certaines raisons, les frayages menant vers les traces mnésiques sont marqués d’une telle douleur qu’ils sont abandonnés par tout investissement. N’est investi que le frayage menant à la décharge par la production sonore ou à un geste.[...] Ces stéréotypies proviennent d’un ancien geste d’appel ou d’occultation des yeux. Mais ici toute signifiance est perdue du fait que ces anciennes traces mnésiques ne comportent plus de frayages utilisables menant vers d’autres traces mnésiques. Ce n’est plus que la décharge motrice qui est visée, à laquelle s’ajoute un surinvestissement de l’attention sur les images de mouvements produites par la ou les mains. »138

La répétition suppose également un temps psychique constitué, un temps externe reconnu.

Rien de tel dans l’autisme où ni le temps ni l’espace ne sont acquis. Il y a pour ces enfants des événements qui se répètent chaque fois que se reproduit quelque situation similaire à une des premières situations significatives. Ils n’ont pas la qualité symbolique des manifestations de transfert qui caractérise le traitement des enfants névrosés.

Notes
137.

Procédés autocalmants, répétitions et autismes précoces, op. cit., p. 79. (121)

138.

LAZNICK PENOT M.C ; Défenses autistiques et échec de la mise en place de la fonction de représentation, p. 133, 134. (102)