2.5. Conclusion

J’ai, dans ce chapitre, recensé les principaux courants de pensée qui constituent le concept d’autisme infantile. Il s’agit principalement des théories cognitives et des théories psychodynamiques. J’ai apporté un éclairage sur les mécanismes psychopathologiques à l’œuvre dans l’autisme infantile en privilégiant le point de vue dynamique. Le modèle psychanalytique « classique » utilisé dans les névroses et les psychoses de l’adulte ne suffisant pas à la compréhension des états autistiques, j’ai utilisé les apports de M. Klein, F. Tustin, D. Meltzer et d’autres psychanalystes. Ils m’ont permis de saisir plus finement les mécanismes psychopathologiques et défensifs. Ces modèles reposent sur le postulat de départ selon lequel le processus autistique est une manoeuvre à visée défensive. Ce support théorique est important pour l’hypothèse de travail dans la mesure où il nous aide à comprendre les modalités relationnelles de l’enfant autiste. Trois points du fonctionnement autistique sont à souligner : l’identification adhésive et la bidimensionnalité, l’autosensorialité et le démantèlement, les angoisses catastrophiques primitives et le défaut de contenant.

La principale modalité de fonctionnement identificatoire est ce que E. Bick a appelé l’identification adhésive.

‘« Ce mécanisme permet semble-t-il un retour à un état d’identité très primitif, à un niveau de se « sentir collé à » qui permet de survivre dans l’en deçà ou l’annihilation d’un monde intérieur. »162

Dans cet état psychique, l’enfant peut être amené à se vivre comme une pure surface sensible dans un monde où l’extérieur et l’intérieur sont peu différenciés. L’enfant utilise la main de l’adulte comme un prolongement de son corps, se colle contre lui et ne supporte pas l’éloignement qu’il vit comme un véritable arrachement.

L’autosensorialité est caractérisée par la fascination qu’exercent sur l’enfant certaines sensations ayant un fort pouvoir attractif sur lui. Cet agrippement du fonctionnement psychique à des activités sensorielles est contemporain d’une désorganisation à laquelle Meltzer a donné le nom de démantèlement.

Dans les cas d’autisme les plus graves, la surface corporelle est souvent vécue comme porteuse de trous et de discontinuités. La bouche est le premier lieu de la dépression provoquant des vécus d’arrachement. Cette expérience de « trou noir » serait à l’origine « d’angoisses catastrophiques primitives » : chute sans fin, liquéfaction, vidages, perceptions de trous dans le corps. Les comportements de l’enfant sont des manoeuvres défensives pour éviter de les affronter. F. Tustin leur donne le nom de formes autistiques.

On peut également rappeler ce que G. Haag a travaillé sur la méconnaissance et la non-utilisation par l’enfant autiste de certaines parties de son corps aboutissant parfois à des sortes de clivages du corps. Dans ce vécu, on assiste à des effondrements brutaux du corps ou bien à des agrippements.

Notes
162.

HAAG G., Autisme infantile précoce et phénomènes autistiques. Réflexions psychanalytiques, p. 295. (69)