3.4.1.1. Le cadre : l’école Orthogénique, un contre modèle du camp de concentration

B. Bettelheim modifie complètement le fonctionnement de l’hôpital psychiatrique ordinaire qu’il qualifie d’« endroit horrible » lors d’une interview accordée à D. Karlin en 1973. Il élabore un projet de fonctionnement d’une école basé sur la création d’un milieu thérapeutique total. Par conséquent, B. Bettelheim pense qu’il est possible d’organiser l’existence d’un individu, même le plus perturbé, de telle sorte que les événements qui en constituent la trame aient constamment une charge positive. Le cadre institutionnel doit être capable de le protéger contre les aléas de la vie. Contrairement à ce que l’individu en question a expérimenté dans le passé, les personnes qui lui sont importantes s’engagent à garantir son bien être physique autant qu’affectif et à répondre à ses besoins psychologiques. Dans ces conditions nous dit B. Bettelheim, on assiste à une guérison progressive.

Aussi à l’Ecole Orthogénique tout est pensé et élaboré dans les moindres détails. L’organisation tant matérielle que symbolique a pour objectif d’aider le patient à s’orienter et contribue à ce qu’il ne se sente pas perdu. Les aspects extérieurs et intérieurs du bâtiment, l’odeur, l’ameublement sont autant d’éléments soigneusement pensés en fonction du futur patient. Les objets sont toujours les mêmes et se présentent dans un certain ordre. Un espace privé est réservé à chaque enfant dans lequel personne ne peut toucher ce qui lui appartient sans sa permission. Pour B. Bettheleim reconnaître le caractère sacré du domaine privé, c’est pouvoir mieux se donner aux autres car on ne se perd pas soi-même. La nourriture est disponible à tout moment : sandwichs, lait, gâteaux, sucreries.

La vie à l’intérieur de l’institution présente une unité externe et interne afin d’atténuer les clivages et les contradictions intérieures du patient. Cette cohésion qui constitue la base de la sécurité du patient, repose sur une structure de relations humaines sécurisantes, qui le guérit des clivages de son monde intérieur et de la scission entre lui et les autres. Toute la vie quotidienne est « thérapeutique » et explicitement analysée comme telle.