3.4.2. Bonneuil : « l’institution éclatée »

M. Mannoni, psychologue, psychanalyste, fonde l’Ecole expérimentale de Bonneuil (Centre d’Etudes et de Recherches Pédagogiques et Psychanalytiques) en réaction à la psychiatrie classique. L’Ecole expérimentale s’inscrit d’emblée dans une perspective de « démédicalisation » de la maladie mentale. L’anti-psychiatrie et la référence à la psychanalyse se dégagent très nettement dans le fonctionnement de Bonneuil et signe son originalité. M. Mannoni écrit :

‘« Je crois que c’est vraiment une des notions fondamentales du courant anti-psychiatrique sur laquelle il faut revenir, que dans un certain nombre de cas, la meilleure politique thérapeutique, est certainement l’abstention, foutre la paix au sujet, ne pas avoir de politique thérapeutique à proprement parler, sinon d’assurer une certaine écoute, une certaine présence, un certain accueil à la parole et au comportement du malade. »214

La théorie antipsychiatrique, en prétendant que pour certains malades, il faut les laisser faire, accueillir leur délire, accepter un comportement même très fou, même très perturbé, que c’est leur façon à eux de chercher leur voie, permet d’envisager une nouvelle approche des enfants autistes mal tolérés dans les hôpitaux psychiatriques. Cette inadéquation des enfants autistes avec l’hôpital traditionnel tient à la difficulté de communiquer avec eux et de les comprendre. Ils évoquent également des fantasmes tournant autour de la mort et du sexe dans ce qu’il a de plus inquiétant. Cela soulève une crainte irrationnelle, extrêmement difficile à maîtriser par des gens qui ne sont pas eux-mêmes analysés.

La deuxième position de M. Mannoni est issue directement de la méthode psychanalytique :

‘« On ne doit jamais désirer à la place du malade... c’est absolument incompatible avec une écoute de type psychanalytique ; on ne doit rien désirer à la place du sujet, et surtout pas désirer l’adapter à un ordre social quelconque. »215
Notes
214.

MANNONI M., Un lieu pour vivre, p. 45. (110)

215.

Un lieu pour vivre, op. cit., p. 51. (110)