3.4.4.2. Le personnel : l’éclectisme des formations

Une des caractéristiques de l’institution est de maintenir une équipe constituée de personnes d’orientations diverses, voire contradictoires afin de décloisonner l’autisme. L’équipe des « psy » : un psychiatre, un psychologue, un psychanalyste, lui-même étant psychologue, comprend plusieurs tendances théoriques (Freud, Tustin, Malher, Lacan, Haag).

Une réunion rassemble toute l’équipe une fois par semaine « pour parler pendant des heures sur un enfant. On fait le tour des activités, les gens ont préparé quelque chose, les éducateurs racontent, ils ne veulent pas interpréter, c’est à l’équipe psy de le faire. »

H. Buten aimerait que tout le monde écrive. Il est question d’une supervision, mais elle n’est pas demandée par tout le personnel. Des questions se posent : « peut-elle fonctionner si tout le monde n’est pas présent ? avec la direction présente ? Car c’est un déballage, une thérapie de groupe. »

Le texte consacré à la présentation de l’établissement traduit son atmosphère :

‘« Nous croyons que la différence n’égale pas forcément la souffrance et que les autistes, bien qu’ils aient leur souffrance à eux, ont aussi leur joie. Nous tenons à faire en sorte que leur souffrance soit diminuée et leur joie exaltée ; à faire en sorte que les autistes soient mieux dans leur peau, même si il s’agit d’une peau d’autiste. »225

Très impliqué dans cette institution dans laquelle il est présent tous les jours, H. Buten insuffle sa façon d’être et ses positions. Le personnel qu’il a soigneusement choisi participe d’un point de vue commun sur l’autisme :

‘« Nous croyons que les autistes représentent une richesse : une autre voie de communication à apprendre, une autre façon de ressentir le monde à partager, pour nous et pour l’évolution de l’espèce humaine. Celle-ci se fait non à travers la ressemblance mais par l’adaptation à la différence. » 226

H. Buten explique qu’il a des « atomes crochus » particuliers avec cette population. Il décrit cela en disant qu’il sait toujours comment faire avec les jeunes, même s’il ignore comment cela se produit. Il cherche toujours à savoir ce qu’il se passe à l’intérieur pour le jeune, quels ressentis sensoriels il a, qu’est-ce que ça lui fait, à lui, de l’imaginer. H. Buten pousuit,

‘« Nous nous donnons comme but principal d’entrer en communication avec les autistes par tous les moyens imaginables, et ceci sans a priori, afin de les comprendre. Il nous semble que les autistes peuvent difficilement se remettre sur notre voie de communication. Nous cherchons à nous mettre sur la leur. »227

En conséquence, la formation en toutes théories et pratiques existantes fait partie des objectifs. Cette institution s’efforce d’articuler les références psychodynamiques avec les références éducatives. Une soignante est partie se former dans une école américaine. Trois personnes ont demandé à être formées à la communication facilitée. (La communication facilitée est une stratégie de communication : la personne autiste apprend à s’exprimer en tapant à la machine avec un doigt ; un partenaire « facilitateur » soutient la main du patient aussi longtemps qu’il en a besoin.) Les réunions sont l’occasion d’un travail de liaison et de compréhension portant sur le jeune et sur les interactions entre le jeune et les adultes.

Très conscient d’être une institution « jeune », H. Buten conclue avec un certain regret : « Après plusieurs années de fonctionnement nous allons être un IME comme les autres. »

Notes
225.

Extrait du site web du Centre Adam Shelton en 1997 (l’adresse actuelle du site est : http : //www.arrowbase.net/adamshelton ).

226.

Ibidem.

227.

Ibidem.