3.5. Conclusion

L’institution est présente à tous les niveaux de la société, contribuant à faire tenir ensemble un groupe d’individus et ce pour des objectifs divers.

La situation de groupe fait émerger des angoisses et des mécanismes de défense de type névrotique, mais aussi de type psychotique. Le groupe reproduit les relations d’objets partiels primitives. Il est le réceptacle de ses parties non seulement symbiotiques, non différenciées, mais également fusionnelles. Tout groupe institutionnel peut prendre des colorations diverses : idéalisation, homogénéisation, clivage, banalisation.

Les premiers psychiatres du courant de la psychothérapie institutionnelle, notamment Racamier, se sont rendus compte des sentiments qu’engendre la pathologie psychotique. Ils ont aussi souligné l’importance d’analyser ces vécus et de les utiliser dans le travail auprès des patients. Cette idée reste d’actualité. Tout soignant peut repérer, plus ou moins intuitivement, des mouvements contre-transférentiels dans l’institution dans laquelle il travaille. G. Lucas dans son livre « Folies d’enfance » rapporte un exemple que l’on rencontre fréquemment :

‘« Un patient présente un comportement difficile, le partage des soucis des uns et des autres à son sujet donne lieu à de multiples échanges où l’expression d’affects variés associe la description des conduites à l’évocation de ses comportements passés et de ce que nous savons de son histoire. [...] et le lendemain, l’état du patient est jugé assez différemment. » 228

En un sens il n’y a pas de différence à la source, entre une situation duelle et une situation institutionnelle, c’est le patient qui en est à l’origine. Le concept de contre-transfert institutionnel a pris de l’envergure jusqu'à parfois devenir une pratique de l’institution toute entière. D’autres manient avec précaution ces notions tirées de l’expérience psychanalytique. D’ailleurs dans un souci de clarté, certains auteurs ont donné des noms différents à la notion de contre-transfert ; Elle est nommée : « contre-attitude » ou encore « contre-vécu » ou « contre-mouvements affectifs ». Il faut remarquer que ces termes sont surtout présents dans la tradition orale mais qu’ils font assez peu l’objet de publications.

Enfin, les exemples de quatre institutions montrent comment celles-ci se structurent à partir de son mythe fondateur, et des expériences personnelles, des méthodes, et des théories. L’institution adopte une configuration de façon à recevoir ses petits patients autistes, c’est pourquoi, en ce sens, je rejoins la position de M. Neyraut selon laquelle le contre-transfert est premier.

Les différents contextes dont nous avons relaté quelques lignes directrices traduisent à travers leurs discours une position contre-transférentielle groupale. Il semble que lorsque l’on travaille avec des enfants autistes, il soit vital de se structurer contre un tiers.

Notes
228.

LUCAS G., Folies d’enfance, p. 21. (109)