Méthodologie

Avant-propos

Dans cette recherche, j’ai recueilli des données et des témoignages de professionnels travaillant avec des enfants autistes. J’ai écouté des discours. Je n’ai pas cherché une visée thérapeutique. Le mode d’intervention dans l’institution était limité et je n’ai pas essayé de participer aux activités pratiquées. J’ai tenté de me tenir dans une position de neutralité et d’effacement afin que les personnes puissent s’exprimer librement.

Quant au propre contre-transfert du chercheur, il n’est pas possible (et pas souhaitable) d’en faire abstraction. Pour G. Devereux il est fondamental :

‘« Chaque expérience comporte deux événements discrets auprès de l’observateur : l’un auprès de l’observateur, l’autre auprès de l’observé. »236

Autrement dit, le chercheur, situé dans un lieu particulier, est soumis aux conditions de ce lieu et aux moyens d’investigation dont il dispose. Il étudie ce qu’il suppose lui parvenir de l’autre en fonction de sa propre réceptivité.

Mon appartenance professionnelle, psychologue clinicienne dans un hôpital de jour pour enfants, travaillant dans une optique psychodynamique, mon activité de recherche, sous la direction de J. Hochmann, bien connu des professionnels pour ses travaux sur la psychose et l’autisme, a donc donné une tonalité particulière à chaque rencontre.

‘« [...] le chercheur est émotionnellement impliqué dans son matériau, auquel il s’identifie ; ce qui en dernière analyse, rend l’angoisse inévitable et conduit aux réactions de contre-transfert. »237

La nécessité pour la recherche d’interviewer des professionnels m’a conduit à écouter des personnes ayant des formations parfois radicalement différentes des miennes. Cette situation a eu des répercussions émotionnelles sur moi-même. Ma position d’auditeur m’a fait tour à tour éprouver le sentiment d’être une collègue, une étrangère, enfin pour quelques personnes d’être quelqu’un à convaincre. Dans tous les cas j’ai été le dépositaire et le messager d’une parole.

Notes
236.

DEVEREUX G., De la méthode à l’angoisse, p. 62. (31)

237.

De la méthode à l’angoisse, op. cit., p. 30. (31)