5.4.2. Aspects des contre-attitudes individuelles

5.4.2.1. Entretien avec une éducatrice spécialisée 

F. éducatrice spécialisée a débuté il y a une vingtaine d’années dans le service de psychiatrie avec des enfants psychotiques et autistes. Elle évoque ses débuts :

‘« Quand j’ai connu les enfants autistes, je me suis énormément défendue... Plus tard je me suis plus mise à la portée de ces enfants et j’ai plus tenu compte de mes émotions. »’

La première défense, lorsque l’on se trouve confronté aux autistes, est de se fermer aux émotions et de s’assigner un objectif.

Elle explique aussi comment elle a été formée :

‘« On a pas mal été initié à la théorie kleinienne et de Malher et ça nous a donné pas mal d’outils pour contenir ces enfants et jouer, autant que faire se peut, le rôle de pare-excitations... Un autre aspect intéressant, un côté un peu laboratoire, c’est d’être en position d’observer ce qui se passait et de rapporter tout ça. Et là dessus on théorisait. La théorie nous a beaucoup aidé. On débutait pour beaucoup dans la profession, donc c’était difficile de faire appel à ses propres ressources qui étaient, je dirais, assez faibles. La théorie était un étayage important. »’

Avant de rejoindre l’équipe de l’hôpital de jour, F. a travaillé en Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel. Pendant ces années elle a suivi une formation à la conduite de groupes thérapeutiques. La façon dont elle en parle montre une solide expérience de thérapeute.

‘« Pour moi, c’est un travail qui a vocation à favoriser la constitution d’un espace interne, à permettre à des représentations de se mettre en place, et à développer la capacité de symboliser, de mentaliser et de produire du sens. La médiation principale, c’est le jeu qui va du jet de l’objet au jeu verbal, en passant par la mise en scène du corps, ainsi que par la mise en scène de matériel figuratif... Un peu ce que je définirais comme une aire transitionnelle. Il me semble que le travail en groupe peut bien se définir comme ça, avec un groupe contenant ce qui est une surface de projection, un creuset, un support d’identification, un lieu de partage, d’émotion qui est investi énormément sur le plan libidinal. C’est un lieu de relation, de socialisation, de mise en relation et il me semble être un prototype des autres groupes dont l’enfant fait partie... Il y a le ou les soignants, un lieu, un temps déterminé qui sont au service de la fonction pare excitation, de la fonction contenante. » ’

Le témoignage de F. traduit au sein de cet hôpital une « polyphonie », une souplesse dans le fonctionnement qui ne peut être qu’enrichissante. Son expérience actuelle, les allers-retours sur le passé lui permettent d’analyser ses contre-attitudes.