Indifférenciation et collage

‘« Tout se passait au niveau relationnel, quand un éducateur était absent (en maladie, en congé), c’était la catastrophe. On a des manières très différentes de fonctionner. On interprétait cette difficulté sur le fait que l’éducateur avait coupé la relation avec le jeune. Le jeune avait remarqué nos manies, nos habitudes, nos seuils de tolérance, ça l’avait sécurisé au bout d’un certain temps. »’

Educateurs et jeunes forment des binômes où les liens noués sont exclusifs. Ce qui fait dire à J. « Tout se passait au niveau relationnel. » Dans ce contexte, les séparations sont difficilement envisageables et sont vécues comme des coupures.

‘« Comme ils ne voulaient pas se laver, alors on les lavait. On avait l’impression d’entretenir une relation et ensuite de les larguer. »’

La question de la séparation se profile encore d’autant plus que les éducateurs voient les enfants grandirent et devenir de jeunes adolescents. Dans de telles conditions la séparation ne peut se faire qu’avec un sentiment psychique d’abandon. Dans cette relation fusionnelle les mots se vident de leur sens.

‘« Il fallait surtout leur parler, mettre des mots sur leur douleur et leur souffrance, sur leur comportement, faire des interprétations multiples. Calmer par des mots, s’isoler avec un jeune. Le jeune c’était cyclique. Les attitudes revenaient, les crises de boulimie aussi. On ne savait pas. On créait un cocon dans lequel on s’adaptait mutuellement et c’était terminé, on surprotégeait les jeunes. On ne voyait pas beaucoup de progression. »’

Les mots sont insuffisants et ne résistent pas à la répétition des symptômes autistiques. C’est le vide angoissant . Ici est pointé le fait que l’on s’enferme dans des fonctionnements rituels de façon à ce que les choses soient vivables. Le danger est alors de figer le temps et de s’isoler du reste du monde.