5.6.2. Aspects des contre-attitudes individuelles

5.6.2.1. Entretien avec une éducatrice spécialisée

C. a exercé trois ans à l’IME. Actuellement, elle travaille dans le service de polyhandicapés d’un autre institut médico-éducatif situé en ville. C’est à l’IME, qu’elle a débuté : « Je sortais de ma formation et je suis tombée avec ce groupe d’enfants là, donc autant déstabilisant pour moi que pour eux. » La rencontre avec les jeunes est déconcertante, l’expression « Je suis tombée » donne l’impression qu’elle a été parachutée.

Elle ajoute plus loin :

« Le groupe que j’ai eu au début, c’est celui qu’on refile à tous les débutants, personne ne les voulait vraiment. J’estime qu’ils n’ont pas leur place en IME. » Ce groupe difficile est « légué » au dernier arrivant comme un objet encombrant. Ce fait montre la place occupée par les autistes dans l’institution. Ne correspondant pas au profil habituel des autres patients, ils sont mis à l’écart.

Face à ces jeunes et à cette situation, la jeune éducatrice s’interroge sur ses compétences en matière d’autisme : « Ce que je connaissais de l’autisme c’est ce que j’avais vu en cours, et avant ma formation d’éducateur spécialisé, j’avais fait une licence de psychologie. Donc je ne connaissais que la théorie et il fallait que je me débrouille. »

Elle fait appel à son identité professionnelle d’éducatrice : « On est là pour travailler sur la réalité, je suis éducatrice et notre formation au départ c’est surtout ça » et à sa créativité « La seule manière que j’ai trouvée pour créer quelque chose avec eux, c’est de les ramener à la réalité, ça été de ritualiser les journées. »

La réalité apparaît comme élément de solidité auquel elle peut arrimer l’aspect irréel du comportement des jeunes.