5.6.3. Aspects des contre-attitudes institutionnelles

Dans cette institution, les enfants et les adolescents les plus malades psychologiquement constitue un groupe. Ils sont supposés avoir les mêmes besoins que les autres patients et les réponses apportées sont univoques. Cependant, ce groupe semble tenu à l’écart de la vie institutionnelle. Il n’est pas réellement relié à l’ensemble de l’institution. L’éducatrice, inexpérimentée, est seule à s’occuper de ce groupe difficile. Les temps institutionnels tels que les synthèses et les réunions sont minces. Ce qui concerne les temps d’analyse de la pratique est carrément inexistants. Il semble que l’institution ait peu de moyens de se représenter l’autisme et d’élaborer un projet institutionnel. Nous pouvons supposer que les manifestations pathologiques des autistes ne sont pas habituelles et génèrent des craintes mettant en danger l’équilibre institutionnel. Le moyen choisi par l’institution pour colmater l’éprouvé institutionnel est de mettre au rebut les vécus non mentalisés, les angoisses abruptes. Le groupe, refermé sur lui-même, contient les représentations innommables de l’autisme et répète les symptômes autistiques. Les difficultés inhérentes au regroupement permanent d’autistes, les anxiétés primaires, l’absence de distance, les décharges pulsionnelles ne sont pas prises en compte. De même, les demandes de formation et de supervision de l’éducatrice ne sont pas satisfaites. Le groupe doit être maintenu dans un fonctionnement identique et qui ne doit pas déborder dans l’institution. Les capacités de penser sont inopérantes. L’absence d’un tiers, d’un collègue, d’un superviseur fait défaut et renvoie le soignant à ses éprouvés contre-transférentiels sans possibilité d’élaboration. Pour aller jusqu’au bout de notre raisonnement, il semble préférable de sacrifier l’éducateur à l’ensemble institutionnel. Ainsi le groupe d’autistes est toujours attribué au dernier éducateur arrivé alors que c’est sans aucun doute celui qui requiert le plus d’expérience et de compétences. Cette remarque est peut-être tempérée par le changement amorcé récemment par l’institution. L’intégration des jeunes autistes dans les temps d’accueil des autres enfants de l’institution est un début intéressant pour penser différemment leur prise en charge.