5.7.2. Aspects des contre-attitudes individuelles

J’ai eu un entretien de plusieurs heures avec Mme S. L’entretien commence par le récit des débuts de Mme S. dans sa classe. Ensuite, elle fait de fréquents allers retours entre le présent et le passé pour expliquer ses points de vue et pratiques actuelles.

Le fonctionnement peu ordinaire de cette classe repose sur l’alchimie particulière issue de la personnalité et des qualités humaines d’une personne. Les débuts sont difficiles :

‘« Ça été dur parce que je n’avais pas de connaissances théoriques de la maladie mentale. Mais en fait, je pense que personnellement, j’ai une certaine tranquillité qui fait que même quand c’est le bazar je ne me sauve pas. Je suis toujours un petit peu en dessus des enfants . Ce qui fait, je crois qu’il y a quelque chose sur lequel ils s’appuient. »’

Le témoignage de Mme S. montre l’élaboration des contre-attitudes et comment elles peuvent se mettre au service des objectifs recherchés. « J’avais été sensibilisée par ces enfants, car j’ai fait mon stage à l’hôpital... J’ai été très bouleversée par cette expérience. J’ai vu des enfants attachés au radiateur parce qu’on ne pouvait pas faire autrement. On sort de la vie, on débarque dans ce monde là, on est très interpellé. C’est tombé dans la période où il y a eu tous les antipsychiatres et peut-être que la première enfant qui est venue dans cette classe s’est trouvée conjuguée avec ça. »

Dans ce discours très riche en émotions, les affects de violence sont évoqués et traités au même titre que d’autres. Parallèlement, nous avons repéré une position contre-transférentielle qui sert de fil conducteur au récit. C’est une butée qui ramène à la réalité et qui évite de déraper. D’après notre grille de classement nous la qualifions de ritualisation.