6.6.2. Une capacité de construction mentale

Le soignant doit être capable d’accueillir en lui les manifestations de l’enfant. Ceci nécessite de sa part qu’il soit lui-même familiarisé quelque peu avec son propre fonctionnement psychique, sa propre souffrance et capable de développer une capacité d’empathie suffisante. B. Bettelheim parlait de la capacité de sentir l’autre en soi sans être submergé ou atteint au point que cela puisse affecter son propre fonctionnement psychique. Cela signifie aussi que le soignant construit un modèle psychique du fonctionnement de l’enfant afin de s’en servir de cadre ou de repère pour pouvoir répondre de manière empathique. Le travail de mise en pensées et de liens qui permet la saisie de la signification du travail thérapeutique se fait en équipe. Dans ce cadre commun, ce qui n’est qu’éprouvé corporel ou mental peut prendre un sens dans la pensée du soignant et s’organiser en étant confronté à la théorie. A partir de situations vécues exposées en équipe, le but recherché est d’essayer de comprendre en quoi on est thérapeutique, et en quoi on ne l’est pas, et ainsi de découvrir quel est le sens de ce qui se passe. Un regard extérieur de référence est la plupart du temps indispensable. La personne extérieure montre ce que l’on n’a pas vu ; puisque dans la pathologie autistique il est facile de perdre le sens de la réalité. D’après J. Hochmann :

‘« Elaborer, théoriser, construire un modèle sont des activités mentales qui permettent de survivre au contact de l’autisme, de rester disponible, ouvert, utilisable ; cette activité ludique, plaisante , en d’autres termes l’autoérotisme mental, est celle que l’on s’autorise pour supporter l’autisme et qui n’est pas sans analogie avec lui. »264
Notes
264.

Pour soigner l’enfant autiste, op. cit., p. 89. (72)