INTERVIEW N° 4
I., infirmière psychiatrique depuis 1984, expérience d'internat pendant trois ans.

Juste après mon diplôme, je suis arrivée à C..., ce qui était en ligne directe. J'ai connu des unités où c'étaient des grands dortoirs, il y avait une trentaine d'enfants tous mélangés quelque soient leur pathologie, des énormes équipes où on était dix à onze. Il y avait des dortoirs avec vraiment des cas lourds. J'ai l'impression qu'on voit moins des cas comme ça, des enfants qu'on prend en charge plus tôt.

C'étaient qui les cas lourds?

Des polyhandicapés, des gros déficits, il y en avait même c'étaient pas des autistes mais des maladies psychiatriques comme des syndromes de ... il y a beaucoup d'épileptiques et moi ma première prise en charge cela a été une autiste d'ailleurs, F. Elle était vraiment très enfermée sur elle-même... Est-ce que vous avez une trame de questions?

je réponds que je poserais des questions au fur et à mesure de l'entretien.

Par exemple, comment vous pourriez définir les enfants autistes?

Alors ça c'est toujours... (rires) il y en a tellement de niveaux différents, j'en ai connus d'autres sur ma route qui avaient un niveau supérieur à elle et puis de tout niveau quoi. Moi je pourrais dire que c'est l'impression que j'avais c'est que ce sont des enfants vraiment pris dans leur monde, pas faciles à accéder et qui souvent nous laissent complètement en désarroi, bon au bout de dix ans de diplôme j'en suis là. C'est vrai qu'on a pas de réponse, c'est toujours à adapter, à réfléchir, veiller à pas perdre le contact avec eux. C'est vrai qu'une fois le contact établi, c'est pas évident de ne pas se fondre dedans, je trouve qu'à un moment donné ils nous entraînent dans leur système. Comme F. elle ne parlait pas, elle était remplie de stéréotypies, elle passait sa journée à faire le pont sur la barrière de son lit, sur nos genoux, elle se renversait, elle passait son temps à ça, à sauter comme un cabris et à poser ses vêtements. Donc moi, j'ai passé trois ans avec elle (l'internat c'était 6 h / 14 h et 13 h / 21 h), je la levais le matin, quand on était référante d'un enfant, on s'en occupait plus, par exemple le matin quand j'étais là, c'est moi qui allais la lever, lui faire prendre son bain, l'habiller, la faire manger. Je l'emmenais sur les groupes où je ne la suivais pas. Par contre certains jours, je la sortais des groupes pour lui faire faire des choses plus spécifiques, du maternage quoi, un bain thérapeutique. L'eau c'était son élément et il y avait des choses qui se passaient mais j'avais toujours l'impression que c'était extérieur à moi. C'était ça d'être référant d'un enfant à l'internat, la prendre en charge dans le quotidien, à midi elle mangeait à côté de moi, elle me suivait. On avait plusieurs enfants, moi j'adaptais ma prise en charge suivant l'enfant que j'avais. C'était être présente à côté d'elle, parce que faire des choses avec elle c'était pas évident, la socialiser, la sortir dans les magasins, on essayait à des moments, c'est vrai que c'était pas le problème, ça l'intéressait pas. La toucher c'était pas évident parce que c'était loin d'être facile avec elle pour accéder à des massages, j'y arrivais par le biais du bain. J'arrivais à lui frotter le dos, à avoir un semblant de contact avec elle, ça en fait, j'ai toujours cru et j'ai reçu ma première leçon avec elle, j'ai toujours cru qu'elle ne ressentait rien, que quand j'étais là, elle ne voyait pas, que quand je rentrais dans la cour ou que j'allais la lever le matin, c'était vraiment la grande indifférence, moi ou une autre c'était pas important. Et le jour où j'ai changé d'unité, j'étais en train de l'habiller et elle se sauvait sans arrêt, alors je lui mettais ses chaussures, il fallait que je lui cours après et là elle m'avait vraiment énervée, déjà j'étais mal à l'aise parce que je la laissais, en plus elle m'en faisait voir et je me souviens qu'à un moment donné je l'ai attrapée, je l'ai assise sur le lit en lui disant "écoute l'année prochaine je ne suis plus là, je change d'unité donc c'est quelqu'un d'autre qui s'en occupera et heureusement parce que là franchement j'en ai marre!" donc j'étais en train de lui mettre ses chaussures et quand j'ai levé la tête F. elle pleurait à gros sanglots, elle avait des larmes et j'ai dit bon ben ... ça m'est toujours resté parce que je me suis dit qu'en fait on pense ne jamais être là et en fait il y a un lien qui existe et qui n'est pas le nôtre. Alors après j'ai fait autrement, je m'en suis comment dire ... tous les enfants dont je me suis occupés après j'ai toujours essayé même s'ils montraient pas de, avec notre système à nous, de me dire eux il y a quelque chose qui se passe c'est pas dans notre monde à nous mais il faut en tenir compte pour essayer de respecter leurs moyens d'expression. Donc après F. j'ai fait la nuit alors là c'était différent parce que j'avais pas de prise en charge particulière mais j'avais droit à des enfants qui ne dormaient pas en fait et qui passent leur nuit à se balancer sur leur lit, à crier de temps en temps, c'est vrai que la nuit ... la nuit je n'ai jamais eu de prise en charge particulière, si ce n'est des enfants qui s'angoissent trop alors j'ai toujours trouvé que l'eau était assez... passer par le biais d'un soin corporel soit le changer, soit lui faire prendre une douche d'eau chaude ou lui donner à boire, l'eau dans plusieurs expressions, carrément laisser tremper dans un bain parce que c'est là où il se retrouve. Donc l'eau m'a sauvée souvent.

C'était comment quand ils s'angoissaient trop?

Souvent c'était des mutilations, c'était hurler et on peut pas permettre parce qu'il y a les autres et puis si il y a un dortoir qui se réveille c'est la catastrophe. Donc c'était déjà l'ennui du dortoir mais bon, et puis bon essayer le bain, le changer, des fois c'est un truc matériel et puis ils n'arrivent pas à nous le dire, il y a une lumière qui gêne ou j'ai oublié d'éteindre la veilleuse, des détails, ou une sonnerie de téléphone, ça peut réveiller, ça peut angoisser, c'est vrai qu'il y a plus de bruits, j'étais toute seule. Toutes les conditions changent, essayer de passer par un truc, quelques fois des massages mais c'est très dur.

Toi tu n'étais pas trop angoissée de te retrouver seule la nuit?

Jamais, j'étais angoissée par d'autres choses. Quand on veillait le week end, t'étais toute seule dans tout le pavillon, ce qui veut dire que si il y avait un truc qui t'arrivait en admettant que tu puisses accéder au téléphone, t'étais vraiment toute seule. J'ai jamais eu d'angoisse par rapport à un enfant qui faisait une crise, ni, non, non, après avec les ados c'était plus dur.

Et puis après j'ai connu S. elle avait 18 mois. On avait mis en place avec le docteur L. des H.A.D (hospitalisation à domicile). Cette petite fille n'arrivait pas à marcher, elle avait 18 mois, elle tenait pas assise. Tous les examens somatiques qu'elle a pu avoir étaient normaux, donc j'y suis allée pendant deux ans, deux fois par semaine, pendant que je faisais mes nuits et là j'ai trouvé une petite fille bien enfermée sur elle-même, qui était perdue dans la relation avec sa mère, qui arrivait pas à la lâcher. C'était assez fantastique car si S. pleurait, la mère savait exactement pourquoi elle pleurait et qu'est-ce qu'il fallait faire pour arrêter les pleurs et il y avait une fusion entre elles deux qui était assez, c'était lourd, on arrivait, elles étaient collées l'une à l'autre. Mais S. on s'est toujours demandé car elle a un coefficient très bas, il y a aussi une histoire de débilité. Moi quand je l'ai connue elle me faisait penser à ces autistes que je voyais à C..., une petite fille complètement apathique à part le regard vers sa mère il n'y avait rien qui existait autour, les frères et soeurs étaient là mais à la limite le regard les transperçaient, disons qu'on ne la saisissait pas. Donc j'ai beaucoup parlé avec la maman, j'ai fait des massages avec elle, j'ai beaucoup joué et puis à montrer d'autres gestes à la maman, à montrer que quand on jouait avec sa fille, que la mère perdait pas sa fille, qu'un lien pouvait s'établir avec une tierce personne. Petit à petit l'équipe est arrivée à la faire lever mais S. c'est pas... et puis après j'étais chez les ados et c'était autre chose...

Depuis le début de ton travail il y avait des réunions, des supervisions?

A l'internat il y avait une réunion une fois par semaine sur une heure / une heure et demie, bon c'étaient des réunions où l'on parlait à la fois des enfants, à la fois de l'organisation alors quelques fois on avait du mal, alors quand vraiment un enfant nous posait un problème on en parlait plus. Par contre une fois par an et c'était pas beaucoup, les enfants étaient passés en synthèse avec tous ceux qui s'occupaient d'eux, donc là c'était vraiment plus ce qui c'était passé, le projet qu'on pouvait avoir, que là on a quand même des réunions deux fois par semaine, on a des synthèses régulières et avec ces réunions régulières on arrive à faire ressortir beaucoup plus les enfants.

Tu avais une supervision à l'époque?

Moi j'ai toujours eu une supervision, à part la première année. Les nuits je n'étais pas supervisée mais j'ai fait un travail de mon côté qui a duré quand même cinq ans mais je ne peux pas appeler ça une supervision. Disons que quand j'ai commencé à bosser avec ces enfants là je n'avais pas de supervision propre rattachée à mon travail mais j'étais en cours de ... je suivais un psycho depuis deux ans, j'ai fini ce travail avec ce psycho, ensuite j'ai tout de suite vu qu'il fallait parler plus précisément de ces enfants, c'est vrai qu'il y avait tellement de choses. Là j'ai demandé un travail de supervision avec un psycho de l'hôpital et pour ceux qui voulaient, mais moi je n'y suis jamais allée, il y avait une supervision d'équipe. Après les nuits, j'ai recommencé un travail, autre chose, c'était de la sophrologie, disons forcément au bout d'un moment on est obligé de ...j'ai fait de la sophrologie, j'ai travaillé un an chez les ados et j'ai redemandé une supervision mais c'était plus confus parce que moi je redébarquais de jour, puis bon ce n'était pas régulier, c'était pas, ça ne m'a pas apporté ce que j'attendais mais c'est peut-être moi.

Pour les H.A.D c'était un travail expérimental et dans le contrat on devait être supervisé. Je parlais que de S., de ce qui se passait dans la famille.

Et des enfants de la nuit tu en parlais pas?

Non.

Tu as dis que ça avait réveillé des choses, qu'est-ce qui était difficile pour toi?

Surtout au niveau des ados parce que avec ces enfants moi je me suis rendue compte qu'il fallait beaucoup de temps, il fallait pas s'affoler pour ... comment dire, il fallait déjà que moi, je présente quelque chose de calme auquel ils puissent se raccrocher quand ils font leur crise. La nuit souvent les enfants qui se mutilent, ça provoque, c'est pas facile à vivre et je me suis toujours dit que si moi je commençais à lui sauter dessus, à lui prendre la tête et à lui dire"mon pauvre vieux tape toi pas!", à m'affoler, à lui montrer que moi je rentrais dans son affolement à lui, là, parce que ça c'est passé deux ou trois fois alors là c'était pire quoi, c'était l'excitation et de ton côté et du sien et je n'arrivais pas à le ramener au calme, que si à la limite moi j'arrivais à être sereine, à ne pas prendre son angoisse à lui, l'enfant arrivait à se raccrocher à quelque chose, l'enfant arrivait petit à petit à se tirer de ce ... puis parler doucement, et puis moi je reparle de l'eau parce que je m'en suis beaucoup servie. Des fois de l'eau qui coule, des fois de l'eau qui coule sur sa main, puis toujours rester à .. enfin, physiquement être présente.

En fait tu trouvais des moyens de contenir l'angoisse

Voilà, quelques fois s'affoler c'est pire, j'essayais d'enlever ce qui pouvait le blesser.

Pas trop désemparée face à eux, est-ce que tu as une image par rapport à ces enfants?

Une image pouh! c'est pas franchement une image c'est plus un ressenti. J'ai toujours l'impression que c'est le monde du silence, c'est vrai qu'il y a ces enfants là au milieu comme une bulle voilà avec un enfant qui pleure au milieu, voilà j'ai cette impression là, comme s'ils étaient, c'est pas du brouillard parce qu'on les voit bien comme si il y avait une espèce de masse transparente entre nous et eux. Et moi je me suis... l'impression que si on réagissait en contrecarrant, en se mettant franchement devant eux, ça leur ferait plus de mal qu'autre chose, je ne sais pas comment... pour moi, j'ai l'impression que c'est des enfants qui n'ont pas de défense, qui sortent de nos normes, à ce moment là on a plus rien à leur imposer. Chez les ados, il faut leur mettre des normes, il faut être costaud. Avec un enfant autiste on a pas des normes à mettre, tous nos repères à nous tombent, à ce moment là est-ce que j'ai le droit d'imposer à un enfant de ne pas baver ou la mutilation c'est peut-être autre chose. Mais c'est vrai que je les prends plus par le biais, je n'ai jamais eu l'impression de les affronter en face. J'ai toujours l'impression qu'il faut se mettre à côté et puis après il y a un accompagnement, les enfants qu'on reçoit ici ça fait peut-être plus cette impression parce que déjà on les a toute la journée. Les groupes qu'on a là, moi j'ai plus l'impression qu'il faut un espace où ils puissent s'exprimer comme ils veulent et comme ils peuvent, pas évident, mais il n' y a pas de jugements à avoir, il n' y a pas d'interdits à poser parce que c'est dans nos normes à nous, c'est essayer de leur laisser une liberté mais en même temps il faut quand même qu'il y ait une certaine régularité dans ce qu'on fait pour que eux ils puissent se repérer par rapport à ça. C'est vrai que dans les groupes du mardi, il y a un rituel qui est fait, on rentre, on dit bonjour, le jeudi matin on vient dans cette pièce, on va se laver les mains, il y a une norme qui est établie c'est que S. elle n'a plus le droit de mettre sa main dans sa bouche car les jeux ce sont ceux de l'orthophoniste, il y a une réalité qui est là, il y a le choix d'un jeu, après on joue à ce jeu, il y a tout un rite. S. quand elle arrive, elle déambule, elle va vers le bureau. Et puis bon des fois c'est aussi pénible parce qu'il faut, on sait pas ce qu'il veut nous dire alors on se trouve vraiment démuni quoi.

Enfants qui t'ont préoccupés en dehors du travail?

Oh oui! (rires) j'ai un gros défaut à ce niveau là, je les ai souvent emmenés chez moi ces gamins... des fois des choses où je sais plus ce qu'il faut faire. Comme ce groupe du jeudi, je les avais en début d'année et puis vers Noël ben j'avais l'impression de devenir comme eux, je sais pas comment dire, je rentrais dans mon truc, hop je sortais un jeu je ne me demandais même pas pourquoi puis j'avais pas de résultat et je me disais qu'est-ce que je fous là? et je les supportais plus, à un moment donné ils étaient trop là, ils étaient trop collés. Et je voyais plus ce que je faisais.

Comment tu as fait?

Je suis supervisée sur Annecy avec un psychologue libéral une fois tous les quinze jours, il m'a fait prendre conscience que je rentrais dans les normes et que je voulais des résultats, j'étais là, je fais de l'éducatif, donc il fallait des résultats, fallait que S. tienne un crayon, fallait que J. sache je sais pas quoi, je voulais du concret j'en avais marre de bosser comme ça dans le vide. A partir du moment où je veux des résultats ça ne peut plus faire, les résultats je ne les aurais jamais. Donc à partir de là, après les vacances, c'est reparti, j'ai lâché prise, c'est un peu ça, pour moi, j'ai l'impression que chaque fois qu'on décide qu'on irait là et pas ailleurs, c'était foutu, c'était pas possible, ça se passait tout le contraire, moi je bute et puis l'enfant est mal et puis tout le monde est mal, ça part tout...

A l'internat ça pouvait arriver?

C'était pareil mais c'était plus dans le concret. Un enfant à l'internat c'était plus qu'il apprenne à manger tout seul, plus au niveau de l'autonomie, qu'il puisse s'habiller tout seul, qu'il puisse avoir une vie sociale entre guillemets. C'était plus une vie au quotidien. Alors avec F. qui passait son temps à se déshabiller et moi qui passait mon temps à vouloir qu'elle mette ses chaussures, ça n'allait pas quoi! en même temps, ne pas mettre de chaussures dans le pavillon ce n'est pas grave, quand on sort c'est plus embêtant. Je pensais souvent à F. en plus là c'était... car j'étais jeune diplômée, à ce moment là célibataire sans enfant, j'avais tout mon temps, que là j'ai quand même ma vie de famille qui me rappelle à l'ordre quand je sors d'ici il y en a deux autres qui me montrent qu'ils sont bien là. ça m'aide aussi à ... F. était très particulière pour moi, c'était très affectif mais bon je dis ça mais quand je parle de S., J. ou d'autres qui sont là la semaine c'est vrai que je me laisserais facilement envahir par ces enfants donc c'est pour ça qu'un travail avec quelqu'un d'autre c'est obligatoire sinon moi je... je

Envahir comment?

Je ... j'arrive jamais à rester neutre, je m'emballe très vite. C'est vrai que les autres pour ça ne me loupent pas, je suis très ...

Quand tu dis je m'emballe très vite?

Je ne sais pas comment dire. Il y a des moments peut-être, je ne suis plus professionnelle, je sors de mes limites, comment dire...

ça se traduit comment?

Pour S. par exemple, il y a une suite à prévoir, elle arrive à sept ans, on la connaît depuis très longtemps, je crois qu'on a fait un travail moi et les autres, on arrive au bout de ce qu'on peut lui proposer parce qu'elle a besoin de thérapeutique et aussi d'éducatif. Et de l'éducatif ici elle en a très peu, l'éducatif ça veut dire être autonome, utiliser les peu de ressources qu'elle a. On a essayé de la mettre dans un IME ce qui n'a pas du tout marché, il n'y a pas de place. Mais là je vais voir les parents, j'ai pris rendez vous dans les établissements, j'ai accompagné les parents, voir l'établissement, l'assistante sociale j'étais là à dire toutes les semaines qu'est-ce qu'on peut faire pour que les choses marchent, c'est peut-être là où je deviens envahissante pour les autres. Il y a des moments où ce n'est plus mon rôle.

Surtout avec ces enfants là?

Non tous les enfants. J'ai du mal à laisser tomber à laisser choir, à ne pas prendre en compte le tout, c'est à dire ... là on a un petit garçon de trois ans qui est rentré Q. Lui c'est pouh! c'est vrai que ouh! il est arrivé là il y a quinze jours en arrière, il a assisté à deux journées et je l'ai vu la première fois avec le docteur C... mais je me sentais les bras qui tombent, je me disais mais qu'est-ce que je vais faire avec lui? c'est vraiment l'enfant bulle, (sifflement) les limites il connaît pas, la parole il connaît pas, tout ce qui est imposé, tout ce qui règles de vie il ne connaît pas. Le père m'avait avertie "vous allez voir il va passer huit heures à pleurer parce qu'il n'a jamais été séparé". Le père n'avait pas franchi la porte que le gamin était fermé, j'aurais bien aimé qu'il pleure. Le premier jour il s'est récupéré dans les escaliers, du moment qu'il a découvert que la maison avait des escaliers ça été fini, mais heureux! le sourire! Le regard qui traverse c'est vraiment un regard bleu ciel qui ne nous voit pas, il n'y a rien qui fait qu'on est là. Mardi dernier ça été l'inverse j'ai passé mon temps à le contrecarrer, il a passé son temps à m' hurler après, à se rouler par terre mais ça fait rien, il y a du répondant, moi je suis là et après on va trouver un autre biais. Le premier jour je me suis dit "mais qu'est-ce que je vais faire? c'est trop je n'en veux pas, j'ai commencé à tâter si je ne peux pas le mettre ailleurs plutôt qu'ici" bon ça se passe. ça va, il y a quelque chose qui s'est enclenché maintenant, il s'agit de construire autour. Il faudrait un lieu idéal où il n'y ait pas de contraintes d'horaires, où il n'y ait pas trop de règles à respecter, que les enfants d'eux mêmes viennent vers nous.