PREMIERE PARTIE
GENEROSITE D’UN AVENIR A CONSTRUIRE
(1941-1951)

‘"Nous sommes partis avec plusieurs hypothèses de travail, sans parti pris. La vie nous a imposé de choisir, tout au moins d’accentuer ce qui correspond aux réels besoins de l’Église en France." 50

L’entre-deux-guerres est marqué en France par le retour de l’Église catholique au sein de la nation. Quittant sa position de forteresse assiégée, elle reprend contact avec son époque et avec les grands mouvements intellectuels qui s’y développent. Malgré les efforts de quelques-uns, elle reste encore dans une situation de "ghetto", enfermée ‘"derrière les hauts murs de la réaction politique"’ ‘ 51 ’ ‘.’ Les années 1930 voient cependant s’épanouir les premières revues ou journaux qui tentent le renouvellement de la pensée catholique : La Vie intellectuelle fondée en 1928 par le père Bernadot, Esprit lancée par Emmanuel Mounier, ou encore Sept. Pour certains, c’est la condamnation de l’Action française qui les a conduits à revoir leur schéma intellectuel 52 , pour d’autres, c’est le scandale d’avoir perdu la classe ouvrière qui les a incités à tenter un retour dans la cité 53 . La Seconde Guerre mondiale va accélérer le processus de réconciliation avec la société, car ce temps d’épreuve est également un temps de créativité importante : hommes et problématiques sont renouvelés par le recueillement qu’exigent les circonstances de l’occupation ou de la captivité. Certains y puisent l’énergie pour envisager un avenir à construire où les catholiques prendront au sein de la société française une place près de ceux qui ne croient pas.

Notes
50.

Abbé Émile Berrar, "Bilan 1951", p. 1, carton 2, AICP.

51.

Michel Winock, op. cit., p. 32.

52.

Voir Denis Pelletier, "Condamnation de l’Action française", dans Dictionnaire des intellectuels op. cit., p. 40-42.

53.

Michel Winock, op. cit., p. 32.