1. Une équipe

a) Carte d’identité catholique des animateurs

De 1945 à 1951, le comité directeur assure la gestion du CCIF. L’évolution de sa composition reflète les objectifs successifs élaborés 139 . En octobre 1945, le comité directeur rassemble l’abbé Berrar, Henri Bédarida (président), Gabriel Le Bras 140 , Madeleine Leroy et Roger Millot (vice-présidents), André Aumonier (secrétaire), Jean-Baptiste Duroselle (secrétaire adjoint sans en avoir le titre), Roger Pons (responsable de l’enseignement public), Michel Charpentier (responsable des étudiants), Mademoiselle Legris (responsable des étudiantes), Henri Mourier (responsable du droit), Jean Aubonnet (responsable des lettres) 141 , Melle Affre (trésorière) et Alain Guillermou (responsable de l’administration). Très rapidement le bureau évolue : Maître Querenet remplace Henri Mourier ; Roger Pons, Melle Affre et Melle Legris quittent le comité ; Michel Charpentier devient trésorier du Centre, puis responsable des questions internationales ; d’autres enfin intègrent l’équipe : en 1946, Jean Meyriat prend le titre de secrétaire général adjoint. Cet ami de Jean-Baptiste Duroselle, ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé de lettres, accepte d’organiser les activités intellectuelles du Centre conjointement avec l’abbé Berrar. Il reste un an au "61" puis le quitte pour s’engager davantage dans son travail universitaire. Paul Macé et Pierre Goursat sont également intégrés au bureau au service de l’administration. En janvier 1947, le comité directeur est alors constitué de l’abbé Berrar, Henri Bédarida, Madeleine Leroy, André Aumonier, Jean Aubonnet, Pierre Goursat, Jean Meyriat et Roger Millot.

Un premier changement important se produit au début de l’année 1947, lorsque l’abbé Berrar invite Odette Laffoucrière à participer à l’organisation des activités intellectuelles. Cette lyonnaise, ancienne élève du professeur Henri-Irénée Marrou 142 , avait été responsable nationale de la Jeunesse agricole chrétienne 143 . Elle s’installe à Paris après la guerre pour passer le concours de bibliothécaire de l’École des Chartes et travaille parallèlement pour Alfred Sauvy 144 . Venue écouter quelques débats rue Madame, elle s’enthousiasme pour le projet du Centre et accepte d’en devenir une permanente salariée 145 . Peu de temps auparavant, l’abbé Daniel Pézeril, alors qu’il se trouve en année sabbatique, est invité par l’assistant ecclésiastique à participer aux activités du "61". L’abbé Pézeril connaissait Émile Berrar depuis les années de formation que tous deux avaient suivies au séminaire des Carmes ; ils étaient devenus, l’un et l’autre, par la suite enseignants à Issy-les-Moulineaux. Après la guerre, l’abbé Pézeril avait été nommé vicaire à Saint-Étienne du Mont, puis avait pris un temps de repos. C’est à ce moment là que l’abbé Berrar lui demande de l’aider dans son service. Il prend alors pour quelque temps la fonction d’assistant ecclésiastique adjoint. Les deux nouveaux venus allaient orienter le Centre vers les problèmes philosophiques.

Deux ans plus tard, le comité directeur accueille Robert Barrat. Cet ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (1937) est depuis la fin de la guerre journaliste à Témoignage chrétien. Avec Odette Laffoucrière, il est chargé du secrétariat dans ses aspects les plus intellectuels, l’organisation administrative étant conservée par André Aumonier. En 1950, Ghislaine Tholance est recrutée pour les tâches administratives (location des salles, organisation de la publicité, dactylographie de courriers, comptes…). Elle restera plus de vingt ans se donnant sans relâche au bon fonctionnement technique du Centre.

Tous les mercredis soirs les abbés Berrar et Pézeril, Odette Laffoucrière et Madeleine Leroy, Robert Barrat et Jean Meyriat se réunissent pour organiser les activités. La réunion est précédée d’un repas au "61". Quelques ecclésiastiques qui résident à la Maison diocésaine des étudiants se joignent à l’équipe  : l’abbé André Brien, l’abbé Jean Chatillon et l’abbé de Vaumas 146 . Si les deux derniers ne jouent pas vraiment de rôle, le premier est davantage sollicité. Aumônier de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm depuis 1947, il est un excellent connaisseur des milieux intellectuels et de leurs besoins. C’est également un ami de l’abbé Berrar. Ils ont l’un et l’autre le même souci de l’intelligence de la foi.

Les membres du comité directeur ont donc une diversité de profils professionnels et les choix idéologiques faits par les uns et les autres pendant la Seconde Guerre mondiale rendent parfois la vie du Centre bien difficile.

Notes
139.

Voir en annexe la liste complète des membres des comités directeurs successifs de 1945 à 1951.

140.

Le seul à ne pas s’être investi dans la mise en place du Centre. Sa fonction est purement honorifique, elle rappelle le lien qui a uni les littéraires et scientifiques aux juristes à la fin de la guerre. Gabriel Le Bras est d’ailleurs depuis 1947 conseiller du Ministère des Affaires étrangères pour les affaires religieuses.

141.

Helléniste, directeur au bureau des Études sous le secrétariat de Louis Garrone à Vichy. Voir Bernard Comte, Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage, op. cit., p. 99 et 158. Il reste fort peu de temps au "61".

142.

Né en 1904, ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (promotion 1925), Henri-Irénée Marrou est historien et patrologue, spécialiste de saint Augustin. Il est également collaborateur de la revue Esprit depuis sa fondation.

143.

Témoignage à l’auteur, 1er février 1994.

144.

Né en 1898, polytechnicien, démographe et économiste, il fonde et dirige l’INED et enseigne à l’Institut d’études politiques.

145.

Elle quitte le Centre au début des années 1950 pour entreprendre une thèse sur Martin Heidegger, sous la direction du philosophe Paul Ricœur.

146.

L’abbé Chatillon est professeur à l’institut supérieur catéchétique de l’Institut catholique de Paris et spécialiste du Moyen Âge ; l’abbé de Vaumas est géographe.