DEUXIEME PARTIE
AUDACE ET OBEISSANCE AU REEL
(1951-1958)

Durant le printemps et l’été 1951, le CCIF avait subi une crise importante qui avait renforcé la partie intellectuelle de son foyer mais le laissait exsangue. La rentrée universitaire de 1951 faisait entrevoir une réorganisation : il fallait combler rapidement l’abîme financier, relancer les activités et tenir compte du nouveau climat franco-romain. Depuis l’été 1950, le Magistère romain avait en effet désavoué tout un courant théologique sur lequel le CCIF s’appuyait. Sans changer d’orientation, l’équipe entendait tirer les conséquences de ses succès et échecs. Les sections de recherche n’avaient jamais réussi à drainer suffisamment de chercheurs (si ce n’est des théologiens et des philosophes), la création d’une recherche catholique au sein du "61" paraissait donc compromise. A l’inverse, le formidable succès de la Semaine des intellectuels catholiques avait montré l’intérêt que portaient les catholiques aux interrogations métaphysiques. La crise financière et le climat de défiance conduisent le CCIF à chercher une voie praticable entre les demandes du public, les exigences romaines et ses propres convictions. C’est conscient de ces nouveaux impératifs et s’appuyant sur les outils mis en place depuis 1948 que le tandem Barrat-Berrar se lance dans l’aventure de la décennie 1950.