4.2.2.2. Les déterminants de la durée de grève

Moindres carrés ordinaires avec effets fixes individuelsVariable expliquée : Lduree, Logarithme de la durée de grève si la grève est le conflit le plus marquant. Nombre d’observation : 233
Variable Signification de la variable Coef. Ecart-type t Seuil
IMR Inverse du ratio de Mill -0,6723 0,2252 -2,9861 0,0031
REGLEM L’entreprise diffuse le règlement -0,5200 0,2561 -2,0304 0,0435
RAPACTI L’entreprise a rapatrié des activités qu’elle sous traitait 0,4920 0,3612 1,3620 0,1745
QUALTOT L’entreprise a une démarche qualité totale -0,9398 0,4094 -2,2957 0,0226
JAT L’entreprise pratique le juste à temps 0,5361 0,3369 1,5916 0,1129
Modèle sans effet versus Modèle à effets fixes
Modèle Log-vraisemblance R2
1 Constante seule -417,3127 0,0000
2 Effets de groupe seuls -122,4589 0,9204
3 Variables explicatives -408,4948 0,0729
4 Variables explicatives et effets de groupe -41,5785 0,9603
Tests
LR test F Test
Chi-2 Degrés de liberté Prob. F num. Denom. Pro.
(2) vs (1) 589,707 200 0 1,85 200 32 0,0202
(3) vs (1) 17,636 5 0,00344 3,57 5 227 0,00397
(4) vs (1) 751,468 205 0 3,182 205 27 0,00037
(4) vs (2) 161,761 5 0 5,412 5 27 0,00142
(4) vs (3) 733,833 200 0 3,014 200 27 0,00062
Modèle à effets fixes versus modèle à effets aléatoires
LM Test vs. Modèle (3)=0,34
Degrés de liberté :1
Signifaicativité = 0,559739
LM statistique Effets fixes vs. Aléatoires (Hausman) : 11,51
degrés de liberté : 5
Significativité = 0,042138N
Moindres carrés ordinaires avec effets fixes individuels et temporelsVariable expliquée : Lduree, Logarithme de la durée de grève si la grève est le conflit le plus marquant. Nombre d’observation : 233
Variable Signification de la variable Coef. Ecart-type t Seuil
IMR Inverse du ratio de Mill -0,6514 0,2033 -3,2043 0,0015
REGLEM L’entreprise diffuse le règlement -1,7957 0,5297 -3,3903 0,0008
RAPACTI L’entreprise a rapatrié des activités qu’elle sous traitait 0,6970 0,3348 2,0820 0,0385
QUALTOT L’entreprise a une démarche qualité totale -0,9571 0,3694 -2,5909 0,0102
JAT L’entreprise pratique le juste à temps 0,7876 0,3181 2,4757 0,0140
Constante constante 2,7136 0,4047 6,7054 0,0000
Modèle sans effet versus Modèle à effets fixes
Modèle Log-vraisemblance R2
3 Variables explicatives -408,4948 0,0638
4 Variables explicatives et effets de groupe -41,5785 0,9603
5 Variables explicatives, effets de groupe, effets temporels -13,2231 0,9688
Tests
LR test F Test
Chi-2 Degrés de liberté Prob. F num. Denom Prob.
(5) vs (4) 56,7110 1 0,0000 7,1650 1 26 0,0127
(5) vs (3) 790,5430 202 0,0000 3,7380 202 26 0,0001
Modèle à effets fixes versus modèle à effets aléatoires
LM Test vs. Modèle (3)= 1.04
Degrés de liberté : 2
Significativite =0.5953
LM statistique Effets fixes vs. Aléatoires (Hausman) : 15.26
Degrés de liberté : 5
Significativité =0.0093

Pour compléter notre analyse, nous avons estimé les déterminants de la durée de négociation. Plusieurs régressions ont été effectuées pour tester l’importance des effets individuels et temporels :

le premier test confronte une estimation sur données empilées et une estimation qui tient compte de la dimension individuelle. Il apparaît que l’effet individuel est significatif et qu’il doit être incorporé via un effet fixe.

Le deuxième test confronte les résultats obtenus avec un effet individuel fixe et ceux obtenus en tenant compte de la dimension temporelle.

Les tests effectués montrent que la prise en compte de la dimension temporelle des données améliore la qualité de la régression. Il apparaît cependant que les variables qui expliquent la durée de la grève sont les mêmes et que leur influence est stable quelle que soit la méthode employée.

L’introduction de l’inverse du ratio de Mill comme variable explicative permet de corriger le biais de sélection lié au fait que la durée de négociation n’est renseignée que si la grève est le conflit le plus marquant. L’IMR s’avère significatif, ce qui confirme bien l’existence d’un biais de sélection à corriger.

Alors qu’elles n’étaient pas significatives dans la détermination de l’émergence des grèves, les variables d’organisation de la production apparaissent être les déterminants majeurs de la durée de grève. Il est possible de mettre en lumière deux effets.

Le fait qu’une démarche de qualité totale influence négativement la durée de grève permet d’apporter du crédit aux modèles séquentiels. En effet, une telle pratique implique que la grève est très coûteuse pour l’entreprise, car une relation de confiance s’établit avec les clients que l’entreprise ne peut pas rompre sans perdre sa réputation, et donc sans subir de très forts effets négatifs sur les demandes futures qui lui seront adressées. Une grève longue hypothèque l’avenir de l’entreprise et c’est peut-être pour cela que l’employeur cède plus rapidement aux revendications des salariés. Nous retrouvons ici un des fondements des courbes de concession. Cependant, il est difficile d’imaginer que les salariés ne soient pas associés à la mise en place d’une démarche de qualité totale, qui est accompagnée par de nouvelles pratiques de rémunération comme l’intéressement. Les salariés seraient alors plus impliqués dans l’entreprise, ils seraient moins ou plus modérément revendicatifs. Pour cette raison, leur proposition serait plus vite acceptable par l’entreprise. Ce cas de figure n’est pas pris en considération par les modèles de discrimination.

Si l’entreprise a récemment rapatrié des activités qu’elle sous-traitait ou si elle pratique une politique de juste-à-temps, la durée de la grève sera plus longue. L’explication possible de ce phénomène est que le syndicat tire avantage du fait que l’entreprise soit dans une position défavorable puisque la grève lui fait subir un coût immédiat et différé très important. En effet, la firme n’a pas les stocks nécessaires pour honorer les commandes pendant la grève et ne peut pas contourner la grève en déléguant une partie de la production à des sous-traitants. Elle risque ainsi de perdre plusieurs contrats et de voir sa demande future diminuée, puisque ses clients peuvent se tourner pendant la grève vers des concurrents et y rester après la grève. Le syndicat exploite cette position en maintenant une revendication élevée qui n’est pas acceptable par la firme bien que la grève soit coûteuse. La grève devrait alors être considérée comme un « bras de fer », où l’un et l’autre des négociateurs campent sur ses positions.

Cette explication n’est pas totalement compatible avec les modèles de discrimination. Ces derniers postulent, à l’instar de Hicks, que la courbe de concession d’un agent est déterminée par son propre coût de grève. L’employeur qui subit dans ce cas un coût important devrait céder plus rapidement aux revendications des salariés. Le coût de grève du syndicat n’est théoriquement pas affecté par la mise en place d’une politique de juste-à-temps.

Parmi les variables qualifiant la diffusion de l’information dans l’entreprise, seule la diffusion du règlement de l’entreprise est significative. Elle diminue la durée de grève, comme le prédit la théorie. Il est toutefois difficile de comprendre pourquoi cette variable isolée des autres variables de diffusion joue sur la durée de négociation.