Modèle binomial de type : PROBIT Estimation par maximum de vraisemblance Variable expliquée: CONF, l’entreprise a connu un conflit au cours de la négociation Nombre d’observations:1225 Log de vraisemblance: -481,0651 Log de la vraisemblance restreinte: -582,7305 Pseudo R2 : 0,1744 Pourcentages de variables correctement prédites :83,51% LR test statistique :203,3308 Degrès de liberté:14 Significativité : 0,0000000 Log de vraisemblance avec correction d’hétéroscédasticité : - 470,2222 LRH test statistique : 21,6858 Degrés de liberté : 14 Significativité : 0,0853 LM test statistique : 711,726785 Degrés de liberté : 14 Significativité : 0,0000 |
Prédites | total | ||
Effectives | 0 | 1 | |
0 | 981 | 20 | 1001 |
1 | 182 | 42 | 224 |
total | 1163 | 62 | 1225 |
Variable | Signification de la variable | Coeff. | Ecart type | t | Seuil |
Constante | Constante | 9,0548 | 3,5629 | 2,5414 | 0,0110 |
SECTEUR | Secteur d’activité | 0,0573 | 0,0325 | 1,7611 | 0,0782 |
XN1 | Nombre de négociations observées entièrement | -0,0017 | 0,0002 | -7,6591 | 0,0000 |
ON2 | Durée moyenne des négociations antérieures entièrement observées, dont la négociation était conduite par le même syndicat | -0,2945 | 0,1850 | -1,5913 | 0,1115 |
ONC2 | Durée moyenne des négociations antérieures entièrement observées conduites par le même syndicat et qui ont donné lieu à un conflit | 0,3293 | 0,1503 | 2,1907 | 0,0285 |
OC2 | Durée moyenne des conflits dans les négociations antérieures entièrement observées conduites par le même syndicat et qui ont donné lieu à un conflit | -0,3216 | 0,1825 | -1,7620 | 0,0781 |
ONC4 | Durée moyenne des négociations antérieures entièrement observées dans la même région et qui ont donné lieu à un conflit | -0,1748 | 0,0843 | -2,0734 | 0,0381 |
PN1 | Durée moyenne des négociations antérieures partiellement observées | -5,6646 | 1,7181 | -3,2971 | 0,0010 |
PC2 | Durée moyenne des conflits dans les négociations antérieures partiellement observées conduites par le même syndicat et qui ont donné lieu à un conflit | 0,6173 | 0,2253 | 2,7394 | 0,0062 |
PC3 | Durée moyenne des conflits dans les négociations antérieures partiellement observées conduites dans le même secteur et qui ont donné lieu à un conflit | 0,6078 | 0,1945 | 3,1249 | 0,0018 |
XPNC4 | Nombre de négociations antérieures partiellement observées dans la même région et qui ont donné lieu à un conflit | 0,0254 | 0,0052 | 4,8349 | 0,0000 |
PNC4 | Durée moyenne des négociations antérieures partiellement observées dans la même région et qui ont donné lieu à un conflit | 0,4753 | 0,1674 | 2,8388 | 0,0045 |
Taille | Taille de l’entreprise | 0,0804 | 0,0301 | 2,6698 | 0,0076 |
PRIVE | Etablissement privé | -0,2900 | 0,1137 | -2,5494 | 0,0108 |
CLIMAT | Bon climat dans l’entreprise | 0,3866 | 0,1161 | 3,3311 | 0,0009 |
Les résultats économétriques obtenus sont directement comparables avec ceux trouvés par Kuhn & Gu (1999) sur des données canadiennes issues du Labor Canada’s Wage File 11 de 1965 à 1988. Le sous-échantillon qu’ils utilisent comprend au maximum 2785 négociations.
Les variables d’apprentissage sont ici aussi largement explicatives de la propension d’entrée en grève. La probabilité d’entrée en grève est une fonction décroissante du nombre de négociations totalement observées et de la durée moyenne des partiellement observées. Cette conclusion est conforme au modèle d’apprentissage développé et avait déjà été mise en évidence sur données canadiennes.
L’influence de la personnalité du négociateur est importante. En effet, La durée moyenne des négociations antérieures entièrement observées conduites par le même syndicat ainsi que la durée moyenne des conflits diminuent la probabilité de grève.
Au contraire, la durée de grève dans les conflits récents conduits par le même syndicat augmente la probabilité de conflit. Il semble que le syndicat détermine une ligne de conduite offensive, en essayant de bénéficier des effets d’instabilité créés par de nombreuses grèves simultanées, tout en adaptant son comportement aux enseignements tirés des autres négociations. Il en va de même pour les variables sectorielles et régionales ; le climat conflictuel général favoriserait l’entrée en grève. Existerait-il un principe « moi aussi » ? Cette différence entre négociations en cours et négociations achevées avait déjà été mise en lumière par Kuhn & Gu (1999). Il semblerait donc que ce soit un point important dans l’étude de l’émergence des conflits.
Les résultats économétriques obtenus sur l’émergence des grèves soulignent l’importance de l’appartenance sectorielle sur le comportement des acteurs de la négociation en France. Il existe une coordination sectorielle des syndicats. Les acteurs syndicaux se retrouvent lors des négociations collectives de branche et décident ensemble d’une ligne d’action au niveau du secteur.
Les entreprises de petite taille sont moins sensibles au risque de conflit pendant la négociation. Cette conclusion a d’autant plus de poids qu’elle paraît être valide quel que soit le pays.
Plus généralement, les entreprises privées semblent moins sujettes à la grève. On ne retrouve pas ici les conclusions sur le risque de grève quand l’analyse porte uniquement sur le comportement des acteurs au sein de la firme. En effet, un traitement économétrique du risque de grève portant sur le conflit le plus marquant connu par les entreprises inclues dans l’enquête REPONSE Employeur 92, montre que les entreprises du secteur privé sont plus sensibles au risque de grève mais que le conflit subi alors était plus court que dans les entreprises publiques. Les résultats sur l’influence de la variable PRIVE sont sensibles à l’indicateur retenu pour résumer l’émergence des grèves. Il y a fort à parier que les grèves sont effectivement moins fréquentes dans le secteur privé ; elles sont cependant considérées comme des conflits marquants par l’employeur.
Les résultats obtenus montrent par ailleurs que le risque de conflit lors d’une négociation est plus important si le climat de l’entreprise est globalement perçu comme bon. Il semblerait que les salariés se sentent trahis quand les négociations n’aboutissent pas, et qu’ils fassent pression sur l’employeur par le biais d’une grève. Une explication alternative est que l’employeur déclare plus aisément que le climat de l’entreprise est bon après avoir subi un conflit ; comparativement, la situation semble s’être améliorée et le climat peut alors sembler bon.
L’ensemble de ces résultats s’avère globalement conforme aux prédictions théoriques du modèle d’apprentissage. Cependant, force est de constater que le modèle ne permet pas d’expliquer les effets de contagion sectorielle que nous avons mis en lumière.
Ce fichier enregistre des informations sur les négociations de contrat au Canada pour les entreprises de plus de 500 salariés.