Conclusion de la première partie

Cette partie a mis en lumière plusieurs résultats.

Tout d’abord, l’observation des négociations passées permet aux syndicats de réduire leur déficit informationel, et ainsi d’adapter leur revendication à l’état de la nature, ce qui diminue le risque de conflit. Ce résultat est renforcé lorsque l’on prend en compte le pluralisme syndical. Contrairement à ce que pensait Dunlop, la règle du « toujours plus » a une portée très limitée.

Cependant, bien que les résultats économétriques mettent en évidence une influence réelle de la diffusion de l’information, celle-ci n’est pas univoque. Par ailleurs, l’impact de la corrélation entre les firmes et de la personnalité du négociant syndical apparaît clairement dans les données.

Le recours à la méthode expérimentale montre que l’esprit du modèle théorique de Kuhn & Gu (1999) semble robuste. Toutefois, même si les syndicats ont tendance à réviser leurs demandes, le risque de grève ne diminue pas et les gains espérés des deux parties n’augmentent pas. Lorsqu’il y a pluralisme syndical, ces tendances sont renforcées, mais de surcroît, les syndicats révisent moins leurs croyances que dans le cas d’unicité syndicale.

L’expérimentation met en avant un élément non pris en compte dans la formalisation, à savoir les préoccupations d’équité qui animent les participants. C’est en vertu de cette propension à l’équité que les effets de la diffusion de l’information sont réduits.

On peut alors se demander s’il n’existerait pas une norme de partage à partir de laquelle les acteurs se fonderaient pour faire des propositions qu’ils jugeraient justes ou acceptables. De nombreuses études expérimentales confirment le fait que les partages inégalitaires sont systématiquement rejetés. Dès lors, si les acteurs refusent de marchander une revendication basée sur une norme d’équité, le processus de négociation en lui-même doit être reconsidéré.