Cramton & Tracy (1992) modélisent l’option d’attente comme une menace alternative à la grève. Au moment où le contrat arrive à expiration, les salariés ont deux possibilités durant la phase de négociation : soit déclencher une grève, soit continuer à travailler sous les termes de l’ancien contrat. La menace choisie (grève ou option d’attente) s’appliquera jusqu’à ce qu’un accord soit conclu.
Le modèle met en relation deux joueurs : un syndicat et un employeur négocient le salaire versé au syndicat pendant le nouveau contrat d’une durée T. Le salaire de réservation du syndicat, défini comme le salaire que reçoivent les employés pendant la grève23, est connu de tous. V représente la valorisation du travail par l’entreprise pendant toute la durée T du nouveau contrat. La distribution F et la densité f de cette valorisation sur l’intervalle [l,h] sont, elles aussi, de connaissance commune, alors que la réalisation de V est connue de l’employeur uniquement.
Les paiements des joueurs lorsque le syndicat a choisi l’option d’attente sont donnés par le couple (w 0 ,a H V-w 0) où w 0 est le salaire versé pendant l’ancien contrat, et où il est supposé que b H =x H =w 0 car l’option d’attente n’engendre pas de coût spécifique direct pour l’employeur. On suppose néanmoins que a H <1 : l’option d’attente engendre un coût d’opportunité pour l’employeur (qui réduit le paiement qu’il reçoit pendant la négociation) liés à des problèmes d’efficience. En effet, en se conformant strictement aux termes de l’ancien contrat, les salariés ne sont pas incités à coopérer et à fournir un effort supérieur à la norme établie (grève du zèle). De plus, les clients peuvent être réticents à l’idée de négocier avec une entreprise en option d’attente.
Les paiements totaux sont calculés comme une combinaison du paiement pendant la négociation et du paiement après l’accord.
Tout au long de la négociation, les joueurs font des offres et des contre-offres alternées, avec t0 le délai minimum entre chaque proposition. Le syndicat fait la première proposition. Le jeu proposé par Cramton & Tracy (1992) est donc un jeu séquentiel de signal, tel que nous l’avons défini dans le chapitre préliminaire.
Ce salaire peut être le salaire concurrentiel (non-syndical) issu d’un emploi temporaire ou l’allocation versée pendant une période de chômage, ou encore une compensation versée par le syndicat aux grévistes.