4.3 L’émergence d’un conflit

Nous avons cherché à déterminer quels étaient les variables qui influencent l’entrée en grève. Pour ce faire nous avons réalisé une estimation de l’entrée en grève via un modèle binomial Probit et testé l’influence de la durée de négociation. Cette variable ne peut être considérée comme exogène. L’incorporer comme variable explicative sans tenir compte du biais d’endogénéité conduit à une estimation faussée. Ainsi, les régressions effectuées sur la durée de négociation permettent l’instrumentation de cette variable. Nous disposons donc de deux durées de négociation estimées. Deux ajustements sur la probabilité d’émergence d’un conflit seront donc réalisés. Selon le modèle théorique, la variable durée de négociation ne devrait pas avoir d’influence sur l’entrée en grève.

Table 3 : Estimations du Probit sur la probabilité de grève
Modèle binomial de type : Probit
Estimation par maximum de vraisemblance
Variable expliquée : GREVAVEC, la négociation a été suivie par un conflit (sachant que ce conflit a été déclaré comme marquant par l’employeur)
Nombre d’observations: 352
Log de vraisemblance: -138,5931
Log de vraisemblance restreinte : -145,6349
Pseudo R: 0,0481
Pourcentage de prédictions correctes : 86%
LR test statistique: 14,0834
Degrés de liberté: 4
Significativité: 0,0070
LM test statistique : 236,7410
Degrés de liberté : 4
Significativité : 0,0000
Log de vraisemblance avec correction d’hétéroscédasticité :
LRH test statistique : 1,4916
Degrés de liberté : 4
Significativité : 0,8281
Nombre d’observations: 324
Log de vraisemblance: -130,5093
Log de vraisemblance restreinte : -135,9126
Pseudo R: 0,0398
Pourcentage de prédictions correctes : 85%
LR test statistique: 10.8067
Degrés de liberté: 4
Significativité: 0,02888
LM test statistique : 204,3708
Degrés de liberté : 4
Significativité : 0,0000
Log de vraisemblance avec correction d’hétéroscédasticité : -129,1370
LRH test statistique : 2,7446
Degrés de liberté : 4
Significativité : 0,60143
Variable Signification de la variable Coeff. Ecart type t Seuil Coeff. Ecart type t Seuil
ONE Constante 0,1950 1,2269 0,1589 0,8737 -0,9208 1,3310 -0,6918 0,4890
LNPREDN1 Log de la durée de négociation estimée1 -0,2899 0,2862 -1,0131 0,3110
LNPREDN2 Log de la durée de négociation estimée 2 -0,0092 0,3095 -0,0297 0,9763
ECVSAL L’entreprise diffuse des informations sur l’évolution des salaires 0,3470 0,1882 1,8436 0,0652 0,2958 0,1955 1,5127 0,1304
CLIMAT bon climat dans l’entreprise -0,3527 0,1817 -1,9416 0,0522 -0,3509 0,1913 -1,8342 0,0666
NCRECO L’implication des salariés non cadres passe par leur reconnaissance -0,8332 0,4487 -1,8568 0,0633 -0,8023 0,4529 -1,7718 0,0764
Estimation 1 Prédites Total
Effectives 0 1
0 301 0 301
1 51 0 51
Total 352 0 352
Estimation 2 Prédites Total
Effectives 0 1
0 276 0 276
1 48 0 48
Total 324 0 324

Il apparaît, conformément au modèle théorique, que la durée de négociation estimée (quelle que soit la méthode retenue pour l’instrumentation) n’a pas d’influence significative sur l’entrée en grève. Il n’est donc pas possible de déterminer une durée à partir de laquelle le syndicat entrerait en grève. Ce résultat légitime l’utilisation de modèles hybrides de durée en temps continu qui montrent une indétermination quant à l’issue de la négociation.

De plus la modélisation des revendications en termes de reconnaissance et de relations d’efficience au sein de l’entreprise n’est pas réfutée par les résultats économétriques. Cependant, quand l’implication des salariés passe par leur reconnaissance, la probabilité de grève diminue.

Il est à noter qu’un bon climat dans l’entreprise diminue le risque de grève.

Une seule variable d’information influence la probabilité de conflit. Cependant, le risque de grève s’accroît quand l’entreprise diffuse de l’information sur l’évolution des salaires. Ce dernier résultat réfute l’utilisation des modèles séquentiels pour décrire l’émergence de la grève.