5. Conclusion

L’utilisation d’un modèle hybride de durée semble particulièrement adapté pour décrire et comprendre l’option d’attente. Un tel modèle permet de justifier de manière endogène l’émergence des grèves. Ce type de modélisation conduit à inscrire l’option d’attente comme une première étape de la négociation dont la deuxième étape serait éventuellement une grève.

Le modèle théorique bute sur nombre d’indéterminations et ses solutions restent tributaires de la spécification de paramètres exogènes tels les gains de sortie de jeu, la forme de la fonction de rente ou le taux d’escompte. L’utilisation d’équilibres en stratégies mixtes implique une perte de réalisme pour décrire les stratégies des joueurs, puisque dans ce cas, les joueurs affectent une distribution de probabilités à l’ensemble de leur stratégie.

La solution analytique d’un tel jeu n’étant pas intelligible, des simulations ont été conduites. Elles montrent l’existence de deux cas extrêmes (a=0.1 et a=0.9), pour lesquels l’enjeu de la négociation induit une très courte période d’option d’attente.

Dans ces deux cas, l’issue de l’option d’attente est connue :

Si a=0.1 l’employeur cédera aux exigences du syndicat ;

Alors que si a=0.9 le syndicat décidera rapidement de commencer une grève.

Dans les autres cas, l’option d’attente prendra fin avec certitude et durera entre 60% et 90% du temps total de jeu. Toutefois, l’instigateur de la fin de l’option d’attente ne dépend qu’en moyenne du montant de la revendication syndicale. Ainsi, force est de constater que l’issue d’une négociation n’est ni certaine ni cyclique. Il subsiste une indétermination quant au joueur qui cédera le premier.

Nos résultats économétriques ne nous permettent pas de réfuter ce modèle. Ainsi sont légitimées une approche en termes de revendications non marchandables et la mise en avant de l’importance des relations d’efficience. Ces deux éléments constituent la base des jeux hybrides de durée. Le petit nombre de variables de diffusion de l’information significatives ainsi que leurs effets équivoques sur la durée de la négociation et l’entrée en grève plaide en faveur d’une modélisation ne reposant pas sur les asymétries d’information.