Conclusion de la deuxième partie

Cette deuxième partie a montré que les modèles de durée sont adaptés pour expliquer l’émergence et la durée des conflits en information parfaite et symétrique. Ces modèles expliquent le processus de négociation par des comportements caractérisés par un risque d’incohérence dynamique entre rationalité à court terme et rationalité à long terme.

Les jeux de durée retranscrivent le processus de négociation dans son ensemble. La grève apparaît comme une éventuelle deuxième étape de la négociation, la première étape étant une phase d’attente.

Ainsi, il est possible de déterminer la durée et l’issue de chaque étape. L’émergence des grèves trouve ici une explication endogène et la transition entre les deux étapes est caractérisée par un changement de type de l’employeur : en option d’attente, il est en préemption, alors qu’en situation de grève, il joue une guerre d’usure.

Les prédictions théoriques du modèle développé dans le troisième chapitre soulignent une forte dépendance de la durée et de l’issue de la grève à l’enjeu de la négociation (le taux de partage revendiqué) et à la situation initiale dans l’entreprise (le taux de partage avant la grève).

Ces prédictions s’accordent avec les résultats économétriques quant au comportement des salariés. En effet, celui-ci correspond effectivement à une guerre d’usure, car ils ont tendance à être plus patients quand la grève est coûteuse pour l’entreprise. De plus, la grève est plus courte quand les salariés détiennent une part importante de la rente avant la grève. Les employeurs, quant à eux, sont sujets à un risque d’incohérence dynamique, car lorsque la grève est très coûteuse pour eux, même s’ils savent qu’ils céderont aux revendications des salariés, ils ne le font pas immédiatement.

Dans le quatrième chapitre, l’option d’attente est modélisée comme un jeu hybride entre guerre d’usure et préemption. L’entrée en grève est alors endogène : on peut déterminer dans quelles conditions les salariés décideront de recourir à cette menace. Le modèle n’est pas réfuté par les résultats économétriques, ce qui conforte l’utilisation de ce type de jeu pour représenter la négociation dans son ensemble.