2.2.1 L'intérêt de la séparation

Richard Josefsberg définit la séparation comme "‘la production d'un espace réel ou symbolique à l'intérieur d'un ensemble, d'une totalité qui a pour effet de constituer au moins deux éléments différenciés, distincts, pouvant se maintenir vivants et entretenant un lien réel ou symbolique’ " 104 . Elle permet la recomposition de l'espace initial et celle des liens entre les éléments nouvellement distingués. Cet auteur 105 parle de "déliaison" à propos de séparation, et de "reliaison" en ce qui concerne la reconstruction de liens. Les dispositifs de suppléance familiale s'appuient donc sur cette séparation pour proposer à l'adolescent en situation de difficulté de faire évoluer ses relations à lui-même, à sa famille et éventuellement à son environnement. Pour envisager leur mise en oeuvre, il est nécessaire de bien distinguer séparation et rupture. A ce sujet, Maurice Berger se dresse contre l'idéologie du lien qui se manifeste "‘chaque fois qu'un intervenant peut penser le lien mais non la séparation’ " 106 .

L'intervention spécialisée vise en même temps l'atteinte de buts en apparence contradictoires : ‘"supporter le jeune à s'individualiser, à répondre à ses besoins personnels, tout en satisfaisant son besoin d'affiliation familiale’ " 107 . D'où l'importance primordiale de la participation des proches. La suppléance familiale peut être perçue comme un moyen d'éviter une rupture, qui, en l'absence du dispositif, aurait pu se réaliser.

Notes
104.

JOSEFSBERG, R. (1997). Internat et séparations. Toulouse : Erès. p. 33.

105.

JOSEFSBERG, R. (1997). op. cit. p. 56.

106.

BERGER, M. (1992). Les séparations à but thérapeutique. Toulouse : Privat. p. 141.

107.

MESNIL, M. (1993). Relations familles. Document inédit. Flers : C.E.P.I. Marie Crue. In GENDREAU, G. (1995). op. cit. vol. 1. p. 267.