2.4.2 Ses caractères particuliers

La plupart des lieux d'accueil résidentiel sont gérés par des associations privées, les autres par des collectivités publiques, principalement les conseils généraux. L'accueil des mineurs en danger nécessite que chacun de ces lieux possède une habilitation délivrée par l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et/ou la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Les procédures d'habilitation visent à vérifier la compétence de l'équipe éducative et la qualité du projet éducatif.

L'hébergement dans le cadre d'un accueil résidentiel s'organise sous différentes formes, allant de locaux particularisés, recevant plusieurs groupes d'une quinzaine d'adolescents chacun, à des chambres individuelles dans des logements banalisés. Si certains établissements ne disposent que d'un type d'organisation, d'autres proposent différents sites autorisant une évolution des conditions d'hébergement. Un adolescent peut alors, par exemple, être accueilli dans un groupe, puis, progressivement faire l'expérience du partage d'un appartement avec trois ou quatre autres jeunes et, éventuellement, sur la fin de la mesure éducative, profiter d'un logement individuel. Des éducateurs spécialisés et des moniteurs-éducateurs organisent la vie quotidienne de ces lieux en s'appuyant sur les membres du personnel de service et de l'administration.

Toute mesure de suppléance familiale est limitée dans le temps : un accueil en urgence ne dure éventuellement que quelques jours, mais certains adolescents vivent à distance de leur milieu de vie d'origine pendant plusieurs années.

Lorsqu'il prononce une mesure de placement, le juge des enfants peut maintenir ou ordonner la mise en oeuvre d'une AEMO. Celle-ci complète l'intervention de l'institution par une aide éducative au sein même de la famille. Elle concerne non seulement l'adolescent s'appuyant sur l'accueil résidentiel, mais également les membres de la famille. Cette organisation, dénommée "double mesure", permet une action éducative par un intervenant n'appartenant pas à l'équipe de l'institution. En effet, si Michel Lemay ne préconise pas de dispositif particulier, il signale qu'il n'est pas facile pour un éducateur de " ‘pouvoir à la fois travailler avec un enfant quand on sait bien qu'une partie des difficultés provient du milieu familial et pouvoir en même temps s'identifier au milieu familial en l'écoutant, en l'accompagnant et en l'acceptant dans ses problèmes’ " 144 . Paul Durning 145 et Bernard Cavat 146 posent la question de l'articulation entre les actions menées par l'équipe de l'institution et celles mises en oeuvre par l'intervenant assurant l'AEMO.

Lorsque l'ASE intervient dans une situation, dans le cadre d'un accueil provisoire ou d'une mesure de garde, un référent a pour mission d'assurer la cohérence entre les différentes composantes du dispositif de suppléance familiale. Il ne fait pas partie de l'équipe de l'institution mais il est en lien avec elle. Nous assimilons cette situation à une "double mesure". Dans cette configuration également, les différents intervenants ont à harmoniser leurs actions.

Notes
144.

LEMAY, M. (1999). Ma définition de l'éducateur. Lien social, 486-487. p. 9.

145.

DURNING, P. (1994). Jusqu'où et comment collaborer avec les familles ? Un domaine qui reste à défricher. Actualités Sociales Hebdomadaires, n° 1878. p. 10.

146.

CAVAT B. (1995). Le lien familial à l'épreuve. Informations sociales, n° 41. p. 93.