4.1 QUELQUES SPECIFICITES

Analysons d'abord trois modèles de processus décisionnel, puis les limites de la rationalité d'une décision et l'imprédictibilité des conséquences du choix retenu. Enfin, nous considérerons la décision comme la mise en oeuvre d'une compétence.

4.1.1 Ses phases constitutives

Daniel L. Stufflebeam 275 propose d'organiser le processus décisionnel selon quatre étapes :

  • La prise de conscience qu'une décision s'impose : identification des situations décisionnelles prévues, des besoins non satisfaits, des problèmes non résolus, des occasions que l'on aurait intérêt à saisir.
  • La formulation d'un avant-projet de la situation de décision : énonciation de la situation sous forme de questions, spécification de l'autorité responsable, formulation des décisions possibles, spécification des critères de choix, détermination des règles de décision.
  • Le choix parmi les décisions possibles : application des règles.
  • L'action faisant suite à ce choix : opérationnalisation et exécution du choix.

Jean-Paul Lavergne 276 considère, lui, que toute décision se décompose en six phases :

  • La définition de l'objet, du contexte, de l'éthique et des objectifs. Le second auteur nous met en garde au sujet des a priori consensuels concernant l'éthique et les objectifs souvent relevés lors de décisions prises en équipe. L'explicitation des points de vue de chacun des membres de l'équipe est un gage de qualité de cette phase.
  • L'information consistant à rechercher et rassembler les informations utiles.
  • L'analyse au cours de laquelle les informations sont organisées de manière intelligible et utilisable. A chaque organisation correspond une lecture de la situation et par conséquent une manière d'envisager l'intervention.
  • La résolution correspondant à la formulation d'hypothèses. Celles-ci sont construites par le ou les décideurs, ou bien proposées de l'extérieur. La routine empêche la créativité et la proposition de choix inédits.
  • La détermination d'un choix parmi ceux envisagés au cours de la phase précédente. Elle implique une anticipation des conséquences possibles de l'hypothèse privilégiée et une référence à des critères rarement explicités, selon Anne-Marie Favard.
  • La mise en oeuvre, c'est-à-dire l'application concrète du choix reposant sur les actes et les moyens prévus lors de la résolution.

Anne-Marie Favard 277 envisage une septième phase, celle de l'évaluation qui procure des informations sur les effets de la décision.

Les phases sont interdépendantes. Le cheminement de l'une à une autre n'est pas linéaire. Il peut se produire des retours sur une phase déjà abordée.

Nous retenons ce modèle à sept phases et appelons "élaboration de la décision" l'ensemble constitué par les phases de définition, d'information, d'analyse et de résolution. Le terme "décision" et l'expression "prise de décision" recouvrent les sept phases.

Notes
275.

STUFFLEBEAM, D., L. (1980). L'évaluation en éducation et la prise de décision. Québec : Editions N.H.P. p. 65.

276.

LAVERGNE, J-P., (1983). op. cit. p. 92.

277.

FAVARD A-M. (1992). Processus de décision de placement et suppléance familiale. Communautés éducatives, 80. pp. 28-29.